Du 29 avril au 1er mai, l’ACCS Futsal Club deviendra le premier club français de l’histoire à prendre part au Final Four de Ligue des Champions à Riga (Lettonie). Les Lions défieront le Sporting Portugal, tenant en titre, pour une place en finale. A quelques jours de cet événement, Sergio Mullor Cabrera, coach de la formation alto-séquanaise, a accepté de revenir pour SPORTMAG sur la saison en cours, le Final Four de Ligue des Champions ainsi que sur la façon de préparer le retour du club en D1.
Qu’est-ce que cela vous fait de participer au Final Four de Ligue des Champions ?
C’est une incroyable opportunité pour nous tous. Nous avons beaucoup travaillé pour en arriver là. Nous avons réalisé un bon tour principal ainsi qu’un bon tour Elite. C’est un peu un cadeau qui arrive pour nous.
A titre personnel, cela sera aussi votre premier Final Four après trois 1/8es de finale avec le MVFC Berettyoujfalu. Quel sentiment prédomine en vous ?
Je ne m’attendais pas à ce que cela arrive aussi rapidement dans ma carrière de coach. Je suis un jeune entraîneur qui a l’opportunité de jouer la Ligue des Champions depuis quatre ans. C’est une première pour moi de disputer un Final Four. Encore une fois, c’est un cadeau que m’offre la vie de disputer ce dernier carré.
Quelles sont les différences entre la préparation d’un match de Ligue des Champions et un match de championnat ?
Il y a beaucoup de différences entre la préparation d’un match de D2 et de Ligue des Champions. En D2, nous n’avions aucune information sur les autres équipes, nous ne savions pas comment elles allaient jouer, comment nous pouvions les contrer et nous ne savions pas quels étaient leurs joueurs.
A l’inverse, en Ligue des Champions, c’est complètement différent. Nous savons quelles sont les équipes participantes et nous connaissons leur style de jeu. C’est le cas du Sporting Portugal, que nous allons affronter ce vendredi (29 avril). Nous connaissons bien cette équipe. Nous l’avons déjà affronté cette année. Je vais pouvoir davantage détailler les joueurs clés de cette formation mais aussi élaborer une stratégie afin de pouvoir les empêcher de développer leur jeu. De plus, je me sers beaucoup de la vidéo. Je vais pouvoir organiser des sessions vidéos avec les joueurs afin de parfaitement préparer cette rencontre.
« Il faut croire en nos chances et en notre potentiel »
Quels seront les ingrédients nécessaires pour essayer de titiller le Sporting Portugal ?
Le mot principal, c’est d’y croire. Nous sommes conscients que c’est une équipe très forte, championne d’Europe en titre qui plus est, qui participe chaque saison à cette compétition avec l’ambition de la remporter. Pour notre part, nous ne traversons pas la meilleure période. Nous avons appris tardivement que nous allions prendre part au Final Four de Ligue des Champions (l’ACCS a été repêché à la suite de la disqualification du club russe du MFK Tyumen par l’UEFA) et nous avons également perdu beaucoup de joueurs en décembre dernier.
Le deuxième ingrédient est de croire en nos chances et en notre potentiel. Nous possédons des joueurs qui peuvent être du même niveau que ceux du Sporting. Ils doivent élever leur niveau de jeu montré actuellement pour pouvoir tenter de les battre.
Vous venez de confier que plusieurs joueurs ont quitté l’ACCS en décembre dernier. Comment avez-vous affronté cette situation ?
On savait que la situation du club cette saison ne serait pas normale puisque l’équipe montée en août était taillée pour aller le plus loin possible en Ligue des Champions, ce qui a été fait jusqu’en décembre. Lors du mois de décembre, nous savions que nous perdrions des joueurs une fois éliminés à cause de la situation économique du club. Nous étions confiants sur le fait de remonter en D1 malgré les départs de décembre. Nous nous sommes appuyés sur la réserve de jeunes du club afin de pallier les départs et continuer notre marche en avant lors de cette deuxième partie de saison.
« Je leur demande de donner le meilleur d’eux-mêmes pour que l’équipe soit meilleure qu’en décembre »
Tout roule pour le club en championnat avec 16 victoires en autant de rencontres et une remontée en D1 actée. Comment avez-vous su maintenir l’équipe motivée tout au long de la saison ?
Cela a été très difficile, surtout après notre défaite en Russie face au MFK Tyumen en décembre dernier (2-5). Dès lors, notre parcours européen était censé s’arrêter car nous avions terminé 2es du Tour Elite A et nous avons perdu des joueurs. Les trois mois suivants, nous nous sommes concentrés sur le championnat et nous savions qu’avec notre effectif, le titre serait assez rapidement acquis. Pour garder les joueurs motivés, je les mets face à eux-mêmes et leur demande de donner le meilleur d’eux même, voire davantage pour que l’équipe soit meilleure qu’en décembre.
Vous possédez un effectif de qualité avec Ricardinho, Nelson Lutin, Souheil Mouhoudine et Landry N’Gala notamment. De quelle façon avez-vous su maintenir l’équipe en concurrence tout au long de la saison afin d’éviter une forme de relâchement ?
Nous travaillons chaque jour très dur. Il est primordial de mettre dans la tête des gens que le travail quotidien est le plus important dans la routine d’un sportif. Il peut arriver que tu sois un peu moins compétitif à un moment de l’année. Pour notre part, le calendrier a fait que nous avions toujours un objectif en vue, que ce soit la Coupe de France, la Ligue des Champions ou encore la D2. C’est ce qui a fait que l’équipe se donnait à fond à chaque entraînement.
Avez-vous digéré l’élimination en quarts de finale de Coupe de France face à Mouvaux Lille Métropole Futsal ?
Nous savions qu’une victoire ou une défaite ferait partie du jeu. Ce que nous avions montré sur le terrain face à Mouvaux Lille Métropole Futsal était notre maximum. Malheureusement, cela ne s’est pas avéré suffisant. Ce match a servi d’électrochoc pour les joueurs car je sentais que les joueurs ne donnaient plus le maximum à l’entraînement. C’était la première fois depuis que nous perdions à domicile. Cela nous a fait mal et cette rencontre va nous servir pour le match contre le Sporting Portugal en Final Four de Ligue des Champions.
Quelles leçons avez-vous tiré de cette défaite ?
Pour préparer au mieux ce match, la bonne question est : Est-ce qu’on apprend toujours ? Nous ne jouions pas bien lors des précédents matchs car l’intensité que nous mettions habituellement n’était pas maximale et que nous étions en pente descendante sur notre niveau. Après la défaite face à Mouvaux, il était nécessaire de changer de mentalité et cela s’est ressenti ensuite durant les entraînements pour préparer au mieux notre match contre le Sporting.
« Je suis un coach plutôt défensif »
L’équipe est à la fois meilleure attaque et défense du championnat, comment avez-vous trouvé un équilibre entre les deux secteurs ?
Dans mon histoire avec l’équipe, il y a toujours une phase durant laquelle je travaille l’aspect défensif car je suis un coach plutôt défensif. A mes yeux, la structure défensive est très importante. A l’ACCS, j’ai trouvé une équipe très forte en attaque et j’adore ça. Nous possédons énormément de qualités dans notre ligne offensive. Nous travaillons davantage en défense car en attaque, il suffit d’une action de magie d’un de nos joueurs pour que l’on soit dangereux face au but. Les résultats de nos entraînements nous permettent, lorsque nous sommes sérieux aussi bien défensivement qu’offensivement, d’être compétitifs face à n’importe quelle équipe. Lors de mon arrivée à l’ACCS, j’ai trouvé une équipe très forte en attaque, avec beaucoup de repères, beaucoup de magie, de fantaisie, qui offre de belles combinaisons.
Vous connaissez votre quatrième pays après l’Espagne, le Qatar et la Hongrie. Qu’est-ce qui vous a poussé à signer à l’ACCS ?
Je voulais continuer à essayer de travailler auprès des meilleurs. L’année dernière, Jesus Vellasco, Carlos Ortiz, Edu et Humberto notamment étaient présents au club. Le projet de l’ACCS est très bon car il souhaite devenir les meilleurs en France. Quand Sami Sellami, le président du club, m’a appelé, l’objectif était de continuer d’être les meilleurs dans l’Hexagone. Cela m’a convaincu. J’ai découvert un nouveau championnat dans lequel j’ai toujours entendu qu’il était rempli de qualités. Je suis venu avec mon expérience et l’ambition de maintenir l’ACCS en tête du championnat français. Plus tard dans l’été, j’ai su que nous disputerions la D2 (l’ACCS a été reléguée par la DNCG après avoir remporté le titre de champion de D1 2020-2021) mais que nous jouerions la Ligue des Champions. C’était pour moi une opportunité de continuer à la disputer puisque je l’ai joué durant trois années en Hongrie et je voulais continuer à apporter mon expérience.
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Quel est votre avis sur le futsal en France ?
Le championnat français est un championnat avec beaucoup de qualité dans lequel les joueurs peuvent très vite progresser. Cependant, je pense que les règles du futsal en France peuvent être simplifiées afin que la discipline puisse grandir plus rapidement. Le point négatif selon moi est la structure de ce sport pour les plus jeunes qui n’est pas assez performante et qui n’offre pas la possibilité aux jeunes de développer un certain attrait pour le futsal.
Comment allez-vous préparer le retour en D1 ?
Je m’interroge beaucoup pour le moment car la structure de l’équipe doit évoluer pour la première division. Nous ne pensons pas à cela actuellement car le club doit d’abord résoudre ses propres problèmes avant de se projeter sur la prochaine saison.
Le titre sera-t-il un objectif la saison prochaine ?
Je pose d’autres questions à la place : quelle est la réalité du club ? Quel sera le budget ? Quel sera l’objectif ? En tant que coach, avec mon expérience, on doit essayer de répondre à une question à la fois et construire. On ne peut pas continuer à être les meilleurs sans avoir une bonne base venant du club.