L’équipe de France de rugby débute son tournoi des 6 nations par des rencontres contre l’Italie, l’Irlande et l’Écosse. Les Bleus, à l’image de leur sélectionneur Fabien Galthié, sont ambitieux, et espèrent dérocher un titre qui leur échappe depuis 2010.
Douze ans. Une éternité. Le XV de France n’a plus remporté le tournoi des 6 Nations depuis 2010, date d’un Grand Chelem ponctué d’un succès contre le meilleur ennemi anglais (12-10). À l’époque, les meilleurs marqueurs d’essais tricolores de la compétition s’appelaient Mathieu Bastareaud, Yannick Jauzion et David Marty (deux essais), alors que Morgan Parra (61 points) se chargeait d’empiler les points au pied.
Lors des 11 derniers tournois, les Bleus ont terminé trois fois à la deuxième place (2011, 2020 et 2021) mais n’ont jamais pu crier victoire. L’Angleterre (quatre succès en 2011, 2016, 2017, et 2020), le Pays de Galles (quatre succès en 2012, 2013 2019 et 2021) et l’Irlande (trois succès en 2014, 2015 et 2018) se sont partagé les lauriers.
L’année dernière, l’équipe de Fabien Galthié avait bien débuté la compétition, avec une large victoire en Italie (50-10) et un succès de prestige en Irlande (15-13). Les Bleus ont ensuite subi deux revers consécutifs, à domicile contre l’Ecosse (24-27) et en Angleterre (20-23). Ils ont tout de même fini sur une bonne note en remportant la dernière rencontre face au Pays de Galles (32-30) après un finish de folie. La défaite n’a pas empêché les Gallois de sortir vainqueurs du tournoi des 6 nation (20 points), mais elle les a privés de Grand Chelem. La France a terminé deuxième (16 points), devant l’Irlande (15 points), l’Écosse (15 points) et l’Angleterre (10 points), pendant que l’Italie faisait encore un zéro pointé.
La jeunesse au pouvoir
A un an de la Coupe du monde de rugby en France, 2022 sera-t-elle l’année de tous les succès pour le XV de France. Les Bleus ont fini 2021 par un feu d’artifices contre la Nouvelle-Zélande. Les All Blacks ont subi la tempête tricolore (40-25) au Stade de France. Une foudre attisée par la fougue d’une jeunesse bleue qui a pris de l’expérience internationale, à l’image d’Antoine Dupont (25 ans), Grégory Alldritt (24 ans), Cameron Woki (23 ans), Melvyn Jaminet et Romain Ntamack (22 ans).
Le demi de mêlée du Stade Toulousain Antoine Dupont a même terminé l’année avec le titre de meilleur joueur mondial de l’année 2021, un titre décerné par World Rugby à l’issue d’un processus mêlant vote du public et jury d’experts. Ce n’est que le troisième Français à obtenir cette récompense après l’ancien troisième ligne Thierry Dusautoir (en 2011) et l’actuel sélectionneur de l’équipe de France, Fabien Galthié (en 2002).
Le sélectionneur du XV tricolore a réussi à rassembler le public derrière son équipe. Et pour que l’histoire d’amour continue, il ambitionne de transformer l’essai et d’enfin remporter un titre. « Nous sommes ambitieux pour le tournoi des 6 Nations. Nous voulons et nous souhaitons gagner. Nous allons nous donner les moyens (d’y arriver) », promet-il à quelques semaines du premier rendez-vous contre l’Italie, le 6 février. « Le dernier match contre les All Blacks était notre vingtième match après avoir commencé contre l’Angleterre en ouvrant le tournoi en février 2020. Nous voulons continuer sur cette dynamique et le travail entrepris. La première équipe contre les Anglais avait 24 ans de moyenne d’âge. Volontairement, nous avions choisi une équipe que nous pouvions amener à maturité avec une vision sur quatre ans voire plus. En moyenne, elle n’avait que douze sélections et le challenge était d’être compétitif très vite avec une équipe possédant une faible expérience collective et individuelle sur le plan international. »
« L’équipe de France doit gagner »
Une stratégie payante, tant les progrès ont été fulgurants : « Nous avons comptabilisé 70% de victoires, et seulement six défaites dont cinq dans les derniers instants. L’équipe contre les All Blacks avait vieilli d’un an, accumulant 18 sélections de moyenne. Nous voulons continuer à progresser. Nous avons progressé à tous les niveaux et nous avons encore des marges de manœuvre. Nous sommes ambitieux pour le tournoi. Et aussi pour les matchs qui nous emmènent au Japon et la tournée de novembre où nous jouerons l’Afrique du Sud, l’Australie et un adversaire du deuxième tiers. Nous entendons cette injonction : «il faut gagner le tournoi». Il y a deux ans, quand j’ai pris le poste, on me disait «bon courage». Il y a une évolution dans les attentes et c’est très positif. Nous voulons et nous pouvons gagner les compétitions dans lesquelles nous allons nous engager. Le choix est d’arriver en 2023 avec une équipe avec un vécu commun et une continuité », a détaillé Fabien Galthié lors d’une conférence de presse qui était l’occasion de faire le bilan de l’année 2021.
Avec la démonstration face à l’ogre néo-zélandais, le XV de France sera forcément très attendu lors du tournoi des 6 nations. Et si la première rencontre contre l’Italie devrait être une parfaite mise en bouche pour bien lancer la saison, face à une formation constamment dépassée dans la compétition, les autres matchs promettent d’être âprement disputés. « Avant le match (contre la Nouvelle-Zélande), nous nous étions dit que cela ne remettrait rien en cause car nous avions fait ce que nous pouvions faire de mieux car nous étions cohérents et justes, mais que si nous gagnions, il ne faudrait pas prendre le boulard. Ce résultat et le contenu sont le fruit d’un travail engagé depuis deux ans et vingt matchs. Il est clair que nous avons besoin de gagner. Il est clair que l’équipe de France doit gagner, explique Fabien Galthié. Nous avons envie de progresser, nous pouvons progresser dans tous les secteurs. Nous sommes cinquièmes au classement mondial après avoir touché le troisième rang. Nous pouvons continuer à monter. Devant nous, nous avons l’Irlande, l’Angleterre, les All Blacks, et l’Afrique du Sud qui nous devance de cinq points. Ce qui est important, c’est qu’il faut être souvent sur le podium pour être compétitif dans une Coupe du monde. Ce match contre les All Blacks entre dans les grandes victoires. Mais cela nous a donné de l’espoir. Pour le moment, nous sommes en position de vouloir gagner un titre et nous souhaitons, nous voulons gagner. Ce n’est pas une finalité. On va s’en donner les moyens. Après il faut jouer les matchs. » Il y en aura trois au mois de février pour mêler les actes à la parole.