Membre de la génération incarnant le futur du biathlon féminin tricolore, Sophie Chauveau (22 ans) est aux portes de l’élite mondiale de sa discipline. Entre coups de moins bien et coups d’éclat, la Bornandine ne lâche rien pour décrocher sa sélection en Coupe du monde et en équipe de France A.
Un entretien qui tombe bien. Sophie Chauveau est sur un nuage. A Brezno-Osrblie (Slovaquie), la Bornandine a décroché un très bon résultat sur une étape de l’IBU Cup, deuxième échelon du biathlon mondial. Quatrième du sprint, elle termine à dix petites secondes du podium en signant le deuxième temps de ski et son premier sans-faute (10/10) en compétition internationale. Les jours suivants, elle décroche aussi un top 10 sur la poursuite. Un vrai succès, alors que la biathlète de 22 ans a bien failli ne pas être du voyage en Slovaquie. « Mon début de saison était difficile, il faut l’avouer, reconnaît Sophie Chauveau. Je n’étais pas dans le top 15, un des critères pour être sélectionnée avec l’Equipe de France B en Slovaquie. Alors j’ai dû refaire mes preuves à l’échelon inférieur. » La biathlète du Grand-Bornand retourne alors sur le Samse National Tour, le temps d’une manche à Prémanon (Jura). Victorieuse haut la main du sprint, elle marque les esprits : « J’étais sereine, c’était l’occasion pour moi de repartir du bon pied et de prouver que j’avais toute ma place. » Après avoir « remis les points sur les i », la Haut-Savoyarde reçoit l’aval du staff qui l’appelle pour la manche d’IBU Cup à Brezno-Osrblie. Pour la réussite que l’on connaît.
Se remettre en question et rebondir
Ce « yo-yo », c’est un peu l’histoire de la jeune carrière de Sophie Chauveau. Des passages difficiles, entre résultats moyens et pertes de confiance, avant une remise en question et un retour dans le bon sens de la piste. « En 2019- 2020, j’avais fait une saison complètement pourrie, loin de mes objectifs. Alors la saison suivante [l’année dernière, ndlr], je suis arrivée avec moins de pression. Je me suis concentré sur la suite de mon apprentissage, pour continuer à progresser. Je cherchais plutôt à améliorer ce qu’il me manquait pour aller chercher un résultat plutôt que ne penser qu’à ma place à l’arrivée. Avec cet état d’esprit, j’ai fait les choses comme je savais faire et ça a donné des courses fantastiques. » C’est cette année-là qu’elle décroche son premier podium en IBU Cup, sur l’ultime manche de la saison à Obertilliach (Autriche). Pour conclure l’hiver 2020-2021, elle remporte son deuxième titre de championne du monde junior en relais. La biathlète a toujours su revenir à l’essentiel quand elle était en difficulté : « C’est dans les moments où je touche le fond, où je ne suis plus du tout fière de moi, que je me dis «stop». Ces moments où je me dis qu’il faut que je trouve une solution sinon je fonce droit dans le mur. Ensuite, j’arrive à prendre du recul, et à faire le point sur ce que je dois faire pour progresser et aller chercher un résultat. »
Le tir, au mental et à l’envie
Bis repetita cette saison. Trop de pression, des performances en dents de scie, et une remise en question salvatrice. « En abordant 2021-2022, je me suis dit «ça y est, je suis capable de faire des podiums, je dois vite réussir. » D’autant plus qu’on nous avait parlé de portes entrouvertes sur la Coupe du monde, et je savais que j’en étais capable. Trop focalisée sur le résultat, ça a donné n’importe quoi. » De retour la tête à l’endroit, Sophie Chauveau a retrouvé confiance et sérénité. Des éléments d’une importance primordiale dans un sport aussi mental que le biathlon. Sur le pas de tir, ce qui se passe dans la tête est capital. Le calme et la détermination sont les maîtres mots : « Il faut avoir envie de déglinguer la cible quoi ! Si on arrive en se disant que le tir est un passage obligé et que c’est juste un mauvais moment à passer, alors on va se rater. » Pour celle qui est venue à la discipline par le ski de fond, le tir a longtemps été son talon d’Achille. « Ce n’est pas encore mon point fort, mais j’y travaille ! Avant, je redoutais le tir, j’avais peur de me rater et que ça enlève mes efforts sur les skis. Maintenant, je sens plus d’aisance et de calme. » A force de travail tous les étés, la Haut-Savoyarde a su améliorer ses passages derrière la carabine. En témoigne son premier 10/10 en compétition internationale senior, enregistré début janvier en Slovaquie. En revanche sur les skis, Sophie Chauveau a toujours été parmi les meilleures. « A chaque course, je sais que le ski, ça va aller. Parce que ça a toujours été. J’ai toujours été constante et je peux me reposer dessus. »
Du Grand-Bornand à l’équipe de France…
Pendant son enfance dans la Vallée-Verte, elle va tous les hivers au Grand-Bornand pour skier. « Je n’aimais pas trop le ski de fond, le biathlon c’était plus stimulant ! J’ai eu de bons résultats et petit à petit, j’ai été repérée par le Comité Mont-Blanc. » A l’époque, sa taille menue n’est pas un avantage pour conserver sa place dans les sélections de jeunes. Poussée à travailler plus que les autres, elle s’accroche jusqu’à débarquer sur le circuit international. « Ames débuts, je n’arrivais pas y croire. Je prenais tout en photo ! En tant que grande fan de Martin Fourcade, c’était un rêve de gosse d’arriver en équipe de France », se rappelle la Haut-Savoyarde. Encore junior, elle est alors invitée à participer aux championnats d’Europe seniors et à une première manche d’IBU Cup. Un niveau qu’elle ne s’imaginait pas atteindre si vite : « Je ne me rendais pas compte. Ni de ce que ça représentait pour ma saison, ni pour ma carrière. Mais je me suis dit qu’il fallait que je profite. » Relâchée, elle décroche une superbe 8e place sur l’individuel, derrière la Française Chloé Chevalier. « Là, j’ai été moi-même surprise ! A ce moment-là, je ne m’imaginais pas avoir ce niveau », admet la biathlète. L’hiver suivant, elle décroche son premier titre mondial en relais avec Lou Jeanmonnot et Camille Bened. Encore le meilleur souvenir de sa carrière : « J’ai gardé notre photo avec la médaille d’or, je la regarde souvent. C’est un souvenir exceptionnel, gagner un tel titre avec ses amies au terme d’une course parfaite, c’est génial. »
… et de l’équipe de France au Grand-Bornand ?
Désormais, Sophie Chauveau vise plus haut. La marche au-dessus, c’est la Coupe du monde. Chaque année, la Bornandine voit des coéquipières appelées en équipe de France A et monter à l’échelon de l’élite mondiale. Exemple avec Lou Jeanmonnot l’année passée et Paula Botet en janvier dernier. Forcément, ça donne envie : « Avec les filles, on mène chacune notre chemin et on se tire vers l’avant. C’est stimulant de faire partie de ce groupe. » Evidemment, la jeune biathlète pense à l’étape de chez elle : « La Coupe du monde au Grand-Bornand, j’en rêve ! C’est mon grand objectif, ça serait fou d’y participer. C’est une étape qui arrive tôt dans la saison, il faudra que je sois forte dès le début ! »