Sylvain Morel et Fred Diaw se sont retrouvés autour d’une idée : permettre aux voyageurs sportifs de trouver un lieu de pratique et des hébergeurs aussi passionnés qu’eux. Ensemble, ils ont créé la plateforme Sportihome. Présentation avec Sylvain Morel, directeur commercial et co-fondateur.
Quels sont les services proposés par le site internet et l’application Sportihome ?
Il s’agit d’une plateforme communautaire de guides et d’hébergements pour les voyageurs sportifs. Mon partenaire, Fred Diaw, et moi sommes partis du constat que lorsqu’on est passionné d’un sport, on aime avoir les conseils de ceux qui connaissent le coin où l’on se déplace. Le modèle ressemble à celui d’Airbnb, mais chez nous les propriétaires ajoutent un lieu de pratique sportive, les activités qu’ils pratiquent et le matériel disponible chez eux. Un passionné peut s’inscrire sur la plateforme pour mettre en avant un spot près de chez lui comme un terrain de golf, un sentier de randonnée, un parcours de VTT ou encore un départ de parapente et partager des photos. Le sportif peut quant à lui d’abord trouver un site de pratique, puis un hébergement. De plus, sur le site, le propriétaire peut renseigner divers niveaux d’accompagnements : hébergement unique (stay), conseils (stay share) ou pratiquer l’activité avec le voyageur (stay share play). Nous avons la volonté de créer un univers pour que ces passionnés puissent se rencontrer. Les sportifs doivent voir dans Sportihome une marque fun et fraîche qui leur permet de s’identifier.
Un projet né d’une frustration
Comment cette idée vous est-elle venue ?
Avec Fred, nous nous sommes connus grâce au kitesurf il y a plus de 10 ans. Nous avons repris contact en juillet 2015 et nous avons réalisé que nous avions la même frustration envers les plateformes actuelles. Fred a acheté une maison en Bretagne près d’un spot de kitesurf. Il a mis des photos du site sur internet, mais il n’a pas réussi à attirer les passionnés. Il s’est rendu compte qu’il n’existait pas de plateforme dédiée aux sportifs voyageurs. De mon côté, j’étais un voyageur frustré. J’arrivais dans des logements vides, sans personne pour me présenter les lieux de VTT ou de surf les plus proches. Un jour, j’ai eu la chance d’arriver chez un passionné de kitesurf à l’Île Maurice qui m’a expliqué la pratique locale et j’ai su en quelques heures tout ce que je pouvais faire sur place. J’ai trouvé ça génial et j’ai décidé que tous mes voyages allaient ressembler à ça ! Fred et moi avons réalisé que nous avions la même idée. Alors, nous nous sommes lancés dans le projet Sportihome en sortant, grâce à un développeur, un premier prototype sans complexité auquel nous avons plus tard ajouté le business model.
Quel est le modèle économique de votre start-up ?
Partager un site et publier une annonce d’hébergement sur la plateforme est 100 % gratuit. Ensuite, nous appliquons un système de commission standard comme la plupart des autres plateformes lorsqu’une transaction est conclue. Nous faisons payer des frais de services auprès des hébergeurs et des voyageurs. Au lancement de la start-up en janvier 2017, nous étions accompagnés par l’incubateur BIC situé à Montpellier, où les locaux de Sportihome se trouvent actuellement, et l’agence AD’OCC Sport, qui accompagne le développement économique des entreprises occitanes de la filière sport, pour communiquer auprès des institutions et nous aider à chercher des financeurs. Au début, nous avions besoin d’un capital important. Nous avons procédé à une première levée de fonds de 400 000 € en juin 2018 grâce à des « Business angels ». En juin 2019, nous avons réitéré et engrangé 600 000 € grâce aux mêmes investisseurs et des nouveaux. Nous avons également utilisé l’effet levier auprès des banques et obtenu des subventions de la Région Occitanie, ce qui a ajouté une mise de 500 000 €. Aujourd’hui, Sportihome emploie 10 salariés, dont Fred, le président, moi, directeur commercial, quatre développeurs, deux personnes au marketing et une équipe « customer care » de deux personnes chargées de répondre à toutes les questions des clients.
Plus de 2 300 spots partagés
Quelle est l’attractivité de Sportihome actuellement ?
Plus de 30 000 membres ont indiqué un site de sport et ont donné des conseils de pratique. Plus de 2 300 spots sont partagés sur la plateforme et nous avons un parc de plus de 6 500 logements, dont 5 500 en France. Sportihome est présent dans 38 pays et le site est traduit en quatre langues. Des sportifs français vivant à l’étranger proposent des hébergements au Brésil, en Espagne ou encore au Portugal. Plus de 4 000 nuitées ont été prises en 2019. Cette année, nous avons environ 400 000 € de commandes ce qui représente une croissance de plus de 1 200 %.
Comment expliquez-vous ce chiffre ?
C’est un business qui prend du temps à démarrer. Il fallait rassembler une offre dense et large sur le territoire français avant de la mettre devant les voyageurs et ainsi décoller. Quand on se lance dans l’équivalent vertical de plateformes qui existent déjà, les utilisateurs veulent que cela fonctionne de la même façon. Nous avons fait des études de marché pour écouter les attentes des clients. Sportihome a été lancée en janvier 2017, mais ce n’est que début 2019 que nous étions prêts à investir dans le marketing et à nouer des partenariats avec des fédérations et des clubs qui offrent une diffusion auprès de leur communauté sportive. Nous avons aussi des sportifs de haut niveau comme ambassadeurs : Victor de Le Rue, champion du monde de freeride, Justine Dupont, vice-championne du monde de surf, ou encore Delphine Jariel, championne de France de planche à voile. Lorsque ces athlètes voyagent avec Sportihome, ils créent du contenu pour leur communauté qui découvrent alors notre marque. Nous pensons finir l’année avec 10 000 hébergements proposés sur la plateforme et nous visons un parc de 30 000 logements en 2020.
Écouter les retours des sportifs
Pensez-vous continuer à vous étendre à l’international ?
Nous en sommes encore au démarrage. Nous voulons d’abord bien nous développer en France, avant de viser l’Europe, puis l’Amérique latine, les États-Unis et l’Asie. Notre but est de capter les sportifs étrangers qui voyagent en France pour leur faire ajouter leur hébergement sur Sportihome à leur retour chez eux.
Quelles autres évolutions envisagez-vous d’apporter à la plateforme ?
Nous sollicitons nos utilisateurs pour comprendre leurs attentes et nous servir de leurs contributions pour ajouter des options. Maintenant, les clients peuvent aussi réserver leurs activités encadrées par des éducateurs titulaires du brevet d’État durant leur voyage en affiliation avec Adrenaline Hunter, spécialiste des activités sportives d’aventure, grâce à des partenariats passés avec des acteurs locaux. Par ailleurs, les sportifs souhaiteraient avoir une assurance complémentaire en cas de vol ou de casse de leur matériel. Nous sommes en train de voir cela avec notre partenaire AXA qui assure déjà la location des logements. Nos utilisateurs voudraient aussi bénéficier de remises pour être passés par la plateforme. On y travaille. Nous avons déjà signé un partenariat avec Au Vieux Campeur, magasin physique et en ligne d’équipements pour les sports outdoor, et nous sommes en discussions avec d’autres enseignes.
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Sportihome en quelques chiffres :
- Le site internet est traduit en 4 langues : français, anglais, allemand et espagnol
- 500 € : le coût d’un panier moyen sur la plateforme. Les réservations peuvent être prises par des sportifs seuls, des familles ou des clubs de sport
- 7 000 activités sont proposées grâce au partenariat avec Adrenaline Hunter
- Plus de 350 000 licenciés partenaires grâce à des contrats signés avec des fédérations sportives
- 1,5 million d’euros : l’investissement total injecté dans la start-up entre les levées de fonds, les prêts bancaires et les subventions
- 70 millions : le nombre de nuitées liées au tourisme sportif en France chaque année