Julien Muller a accédé à la tête de la Fédération française de squash en décembre dernier. Ce Nancéien impliqué dans les sports de raquette depuis plus de 20 ans veut créer des synergies pour favoriser la pratique du squash. Interview.
Comment êtes-vous entré dans les institutions françaises du squash ?
J’ai suivi une formation universitaire dans le sport au STAPS de Nancy qui m’a amené au management d’un complexe de raquettes, qui proposait du badminton, du tennis et du squash. Les instances de la Ligue de badminton de Lorraine sont venues vers moi et j’en suis devenu le président en 2008. Quelques années plus tard, la Ligue de squash m’a sollicité car elle savait que j’avais aussi des compétences dans ce sport grâce à mon poste de directeur du TSB Jarville. Je suis entré dans les instances de la Ligue de Lorraine, devenue du Grand Est, en 2014. J’étais vice-président de Jean-Denis Barbet à la Fédération française de squash entre 2016 et 2020.
Devenir président de la Fédération française semble être une suite logique…
C’était dans un coin de ma tête. Je me voyais y arriver à un moment donné, mais je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. Je ne me serais pas présenté contre Jean-Denis Barbet. Quand il a décidé de ne pas y retourner, je me suis positionné. J’étais soutenu par la majorité des membres du bureau. Nous avons tous envie de faire avancer le squash ensemble.
Quel est votre programme pour ce mandat qui court jusqu’en 2024 ?
Il s’articule autour de quatre grands piliers. Le premier est de développer la pratique du squash partout en France. Pour y parvenir, nous avons besoin d’installations spécifiques. Nous comptons aussi répondre à un enjeu de société, du côté éducatif. Il y a des efforts à faire pour entrer dans les écoles et dans les quartiers prioritaires de la ville. Le squash est un sport qui s’intègre sur le plan de la santé. C’est une activité où l’on se dépense assez vite, qui ne prend pas des heures, ne demande pas d’être 20 personnes pour jouer, et donc peut se caser facilement dans un emploi du temps. Nous voulons également encourager la performance, permettre à nos joueurs de continuer d’obtenir des résultats internationaux et d’évoluer dans le top 10 mondial. Nous voulons avoir une bonne filière collective pour gagner lors des compétitions par équipe. Enfin, il y a la partie interne à la Fédération, la transformation des services à grâce à la digitalisation. Ça se recoupe avec le développement.
Quelles sont les pistes pour favoriser la pratique du squash en France ?
Historiquement, les structures privées ont été fondées par des passionnés, qui ensuite n’ont pas eu la capacité de créer des emplois éducateurs. Il faut trouver un nouvel équilibre entre les infrastructures et leur fonctionnement. Quand une collectivité envisage d’implanter un nouvel équipement de raquettes, nous intervenons pour que le squash soit représenté. Il y a des synergies à créer avec les fédérations françaises de badminton et de tennis pour identifier des endroits où implanter des installations et proposer de vrais pôles d’attractivité sportive avec une qualité de service. Nous allons aussi nous rapprocher de l’Union nationale du sport scolaire et de la Fédération française du sport universitaire pour intégrer le squash dans les cycles raquettes. Enfin, nous nous appuyons sur des grands événements, notamment l’Open International à Nantes, pour faire la promotion de notre sport. Le promoteur a prévu d’organiser les éditions 2021, 2022, 2023 dans trois nouveaux lieux encore tenus secrets.
Quelle est la situation des structures de squash pendant cette pandémie de Covid-19 ?
Le moral est en berne, en particulier parce qu’il n’y a pas de visibilité sur une date de reprise. La majorité des structures passent économiquement grâce aux aides de l’État, le chômage partiel et le fonds de solidarité. Ce sont celles qui payent des loyers qui ont le plus de difficultés. La FFSquash a créé un fond d’urgence d’aide à la trésorerie. Nous avons pu nous organiser pour poursuivre l’activité des jeunes quand c’était autorisé. La FFSquash a organisé des tournois pour les sportifs de haut niveau avec des pays limitrophes pour leur permettre de garder le rythme. Après la crise, il faudra mesurer son impact sur le nombre de licenciés, sur la situation de la Fédération et des ligues. En interne, nous travaillons sur des plans d’actions possibles pour faire revenir des adhérents.
Le squash ne sera pas au programme des Jeux olympiques de Paris 2024. Pourrez-vous malgré tout profiter de cette vitrine ?
La FFSquash a pris contact avec le Comité d’organisation de Paris 2024 pour voir s’il est possible de travailler ensemble. Nous pouvons entrer dans le cadre de la partie Héritage aux côtés du badminton et du tennis, qui sont des sports olympiques. Nous avons l’avantage d’avoir un court portable qu’on pourra installer en marge de la compétition pour mettre notre sport en avant auprès du grand public. Les Jeux olympiques sont un coup de projecteur tous les quatre ans, mais pas une finalité. Notre sport a connu une déception avant les Jeux olympiques de Londres alors que l’Angleterre est un pays de squash. Si la Fédération internationale voit une ouverture pour les prochaines éditions, elle fera tout son possible pour entrer au programme, mais on n’attend plus après ça.