Stéphane Traineau, directeur des équipes de France de judo et président du club INSEP Alumni, lancera dans les tous prochains jours une nouvelle plateforme d’entraide et de reconversion professionnelle des sportifs de haut niveau. Entretien avec l’ancien judoka tricolore, sacré champion du monde en 1991 à Barcelone…
Stéphane Traineau, vous lancerez le 3 avril prochain « SPORTÉKI », un réseau social dédié à l’entraide et à la reconversion des sportifs de haut niveau. Présentez-nous cette toute nouvelle plateforme…
Nous travaillons sur plusieurs thèmes dans le cadre de l’association INSEP Alumni que je préside, et notamment sur l’accompagnement des sportifs dans leur début de carrière. Dans nos discussions, les problématiques de fin de carrière ont également été évoquées. C’est un sujet que nous connaissons bien à l’INSEP et qui anime nos débats depuis déjà plusieurs années. Notre ambition n’est pas d’accompagner les athlètes dans leur reconversion mais plutôt de leur proposer une porte d’entrée unique où ils pourront retrouver d’anciens sportifs de haut niveau, des entreprises, des institutions ou encore des professionnels du sport. Cette plateforme de mise en relation fonctionnera un peu comme un réseau social. Pour résumer, on peut dire que ce sera un mix entre Facebook et Linkedin qui sera consultable depuis un téléphone, une tablette ou encore un ordinateur.
Vous êtes un ancien grand champion de judo, votre expérience a dû être essentielle dans la mise en place de « SPORTÉKI »…
Cet outil, je l’ai effectivement mis en place en tant que Stéphane Traineau mais surtout en tant que président de l’association INSEP Alumni. Après, c’est vrai que mon parcours est forcément utile. J’ai été un athlète de haut niveau, je suis ensuite allé dans le privé où j’ai créé des entreprises avant de revenir aujourd’hui dans le monde du judo. L’enjeu de la reconversion, je le connais bien. Je sais à quel point il est difficile pour les jeunes de trouver un stage ou même un partenariat. Les contacts sont très difficiles à établir, il fallait trouver quelque chose pour les aider.
Notamment dans un contexte de plus en plus difficile et concurrentiel…
Bien-sûr. Ce sont des problématiques que l’on retrouve régulièrement dans le monde du travail, et notamment chez les jeunes. Aujourd’hui, on se retrouve avec des athlètes qui ont eu une belle carrière, qui sont formés mais qui n’arrivent pas à trouver chaussure à leur pied parce qu’ils n’ont pas le réseau. Plus de 7 000 athlètes sont sur les listes de haut niveau, les 200 meilleurs arrivent à s’en sortir mais que faisons-nous des 6 800 autres ? Déjà que certains médaillés olympiques ou mondiaux ont des difficultés dans leur reconversion, que peut faire un sportif qui était numéro quatre, cinq ou six dans son sport. Et pourtant, ce sont des gens qui ont autant travaillé et qui méritent de s’en sortir. Aujourd’hui, on se retrouve avec des sportifs qui ont arrêté il y a déjà plusieurs années mais qui sont toujours en grande difficulté. Les différents rapports sortis ces dernières années confirment d’ailleurs cette problématique puisque des athlètes qui ont participé aux JO de Londres vivaient avec 500 ou 600 euros par mois. C’était important d’ouvrir le monde du travail et le réseau à tous ces sportifs. Créer du lien, soutenir ces sportifs, les accompagner et faire tomber les barrières, c’est toute l’ambition de cet outil.
> Plus d’informations sur sporteki.com
Par Bérenger Tournier