Sylvain Havez : « Un héritage avec les 1 000 Dojos »

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Sylvain Havez, directeur du programme 1 000 Dojos, revient sur la genèse du projet, son développement ainsi que sur l’héritage qu’il laissera après les JO.

Comment ce projet est-il né ?

Plusieurs constats nous ont amenés à lancer le programme 1 000 Dojos. Le premier, c’est qu’on a pas mal d’individus, d’athlètes et d’acteurs qui viennent de quartiers difficiles et qui ont témoigné du fait que le judo a eu un rôle primordial dans leur vie, notamment en termes de parcours et d’éducation. De plus, nous sommes une discipline assez populaire qui a servi à de nombreuses personnes qui, sans le judo, estiment qu’ils n’auraient pas pu connaître un bon parcours. Le deuxième constat, c’est qu’on est faiblement implanté dans les quartiers. Aujourd’hui, nous recensons 5 à 7% de nos licenciés issus des quartiers défavorisés. Donc c’est assez paradoxal puisqu’on sait qu’on a un bon savoir-faire pour accompagner tous types de populations. Et surtout, ça peut être un bel ancrage pour un individu qui n’a pas les mêmes moyens que les autres. Le projet, c’est de remettre de la proximité et d’aller capter les publics qui sont dans les quartiers par l’implantation de complexes sportifs.

Le premier des 1 000 Dojos a été lancé en novembre 2021 à Nanterre. Quels sont les retours sur cette structure ?

Nanterre est le premier des 1 000 Dojos à avoir été inauguré en novembre 2021. C’est un cas un peu particulier puisqu’il a été lancé en tant que Dojo témoin. Le test est plutôt axé sur le côté structurel en aménageant le local au sein d’un bailleur social. Aujourd’hui, l’équipement est très beau et fonctionnel et il reçoit notamment les centres de loisirs de la ville. Les résultats sont positifs dans le sens où le Dojo est exploité. Désormais, nous sommes en train de travailler pour qu’il s’articule avec tout le contexte local. Nous souhaitons monter un projet avec la Maison des Femmes ainsi qu’avec les écoles de Nanterre.

« Les zones rurales sont favorables à ce programme »

Quelle est la philosophie de ce projet ?

L’étendre à tous. Il est vrai que je me suis penché sur les jeunes et il s’avère que nous, dans le judo, nous avons une pratique qui s’appelle le taïso et qui peut largement permettre aux seniors d’avoir une activité. On a aussi un plan sur la lutte contre la fracture numérique. On veut que Dojo soit un lieu au sein du quartier où ils peuvent aussi avoir accès aux services par Internet. L’idée, c’est d’avoir vraiment une ouverture à d’autres territoires. Cela s’élargit. Je remarque dans le programme que les zones rurales sont également très favorables à l’implantation de Dojos. Nous comptabilisons de nombreux dossiers en zone rurale, donc on a élargi un peu le spectre et aujourd’hui, on est plus sur les territoires carencés en équipements sportifs que l’on souhaite impacter.

Quel est l’apport de l’Etat dans ce projet ?

Il y a eu une vision fédérale de l’implantation de 1 000 équipements sportifs qui a été proposée avec la politique du Gouvernement des 5 000 équipements. Dans l’aide de l’Etat, l’Agence Nationale du Sport alloue un financement de 80% de chaque projet. Ce qui s’est passé, c’est que le président Stéphane Nomis a présenté son projet des 1000 Dojos au président Emmanuel Macron. Par la suite, Monsieur Macron a intégré ce programme au plan de 5 000 équipements. Finalement, le programme englobe 20% des 5 000 équipements sportifs qui verront le jour d’ici 2024.

« 340 dossiers sont ouverts, dont 80 sont en bonne voie »

Quelles sont les autres villes concernées par ce projet ?

Aujourd’hui, j’ai 340 dossiers ouverts dans toute la France, dont 80 qui sont en bonne voie. Cela va du village de 1 500 habitants à la Ville de Marseille. qui ambitionne d’ouvrir 5 Dojos solidaires, en passant par la Martinique, avec un projet de 5 à 6 Dojos. Aujourd’hui, tout le monde est éligible pour ce programme. La seule chose, c’est que nous analysons la carence en équipements sportifs. Nous n’allons pas nous implanter partout de façon hasardeuse, nous analyserons là où il y a défaut d’équipements sportifs, notamment de Dojos, en y ajoutant par la suite la construction d’un projet associatif qui va répondre aux besoins du territoire. Nous nous implantons partout en France. Marseille, Roubaix, Lille, Montpellier, Bordeaux, Montceau-les-Mines, Allonnes, Sevran, Tremblay-en-France. Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a été doté d’un Dojo, qui a été livré récemment, qui allie la pratique du judo et de la danse.

Comment se passe le dépôt de candidature pour disposer d’un des 1 000 Dojos ?

Le bureau des 1 000 Dojos monte le dossier sur le plan technique et administratif. Ensuite, nous déposons le dossier à l’ANS qui arbitre. C’est un travail très conséquent qui allie de la technicité sur les équipements, mais également de l’ingénierie dans la construction de projets associatifs.

Les 1 000 Dojos entrent-ils dans la dynamique de Paris 2024 ?

Ce qu’on a l’habitude de dire au bureau des 1 000 Dojos, c’est que ce sont nos Jeux olympiques. C’est-à-dire que le secteur de la performance a son objectif de médailles. Et nous, nous avons comme objectif nos 1 000 Dojos, c’est complètement le plan Héritage. La première phase de développement, c’est l’implantation d’équipements sportifs. C’est ce qu’il y a de plus structurant. C’est ce qu’on recherche aujourd’hui : à la fois de la proximité pour l’habitant, des projets associatifs concertés et adaptés aux territoires. Nous montons les projets avec les villes. Et tout ça pour nous est gage de pérennisation. C’est ce qui va rester après les JO.

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