Teddy Riner était à Nanterre, mardi, pour l’inauguration du 500e club Basic-Fit en France. L’occasion pour l’ambassadeur de la marque de donner un cours à d’heureux privilégiés, et d’évoquer pour SPORTMAG ses habitudes d’entraînement.
Teddy, vous souvenez-vous de votre première fois dans une salle de sport ?
La première fois que j’ai mis les pieds dans une salle de sport, j’avais 6, 7 ans. J’embêtais mon monde, dès que je terminais les cours, avec mon frère, on allait aux cours de fitness de ma mère. C’était à Aquaboulevard, c’est là que j’ai commencé. Je pratiquais le judo là-bas, le tennis, le squash, le golf, la natation, l’escalade. Le modern jazz aussi, c’est le seul truc où mon frère ne m’a pas suivi. Dès qu’on avait terminé toutes nos activités, on allait dans les cours de notre mère. En général, on rentrait et on disait : « Maman, on a fini ! » Mes premiers souvenirs dans une salle de sport, ce sont ceux-là.
Vous ne voyiez donc pas cela comme une contrainte…
Ce n’était pas du tout une contrainte. Avec mon frère, on s’amusait à faire rire maman pendant qu’elle faisait ses cours, en reproduisant les exercices qu’elle faisait faire. Et on était les chouchous des filles.
Cela est toujours resté un plaisir d’aller à la salle ?
Cela a toujours été un plaisir. Même aujourd’hui, quand je vais à la salle pour mes séances avec mes préparateurs physiques, c’est un plaisir. Il suffit juste de trouver chaussure à son pied, un entraîneur qui comprenne bien là où vous voulez aller, vos objectifs, et qui mette tout ça en musique. C’est aussi simple que ça. Pour moi, l’entraînement de haut niveau, c’est d’abord prendre du plaisir. Il ne faut pas faire les choses avec des contraintes, sinon ça devient très compliqué, on va à l’entraînement à reculons. Qu’on soit talentueux ou pas, cela ne fonctionnera pas sans plaisir.
L’intelligence de l’entraîneur est importante. À un certain moment, l’entraîneur va savoir que l’on a besoin de lever le pied pour que ce moment de lassitude n’arrive pas. Quand ce moment de lassitude ou d’épuisement est là, c’est déjà trop tard. Aujourd’hui, avec tous les moyens technologiques, on peut savoir quand on est fatigué, prévenir une blessure.
« Savoir s’entraîner pour avoir envie de revenir »
Le côté psychologique est également important pour se motiver…
La psychologie, c’est plus de 60 % du chemin. Quand je me lève le matin, fatigué ou pas, c’est le mental qui me fait mettre un pied devant l’autre. Toutes ces années à haut niveau, s’il n’y a pas le mental, ce n’est pas possible. Et le mental, comment on fait pour le travailler ? Avec un psychologue, un préparateur mental. C’est comme tout. Pour être bon physiquement, on a un bon coach, on fait ce qu’il faut à l’entraînement pour s’améliorer. Avec le cerveau, c’est pareil.
Vous avez été l’un des premiers à faire ça en France, dès 14 ans, avec Meriem Salmi…
C’est ça, j’ai toujours été quelqu’un qui se dit « tant que ça marche, pourquoi changer ? » Aujourd’hui, autour de moi, j’ai des gens « certifiés » pour leurs performances et ce qu’ils amènent dans le système du haut niveau : préparateurs physiques, diététique, mental, judo technique, judo ne-waza (travail au sol). Je crois que je suis l’un des rares de ma génération à avoir « dématérialisé » le fait qu’il n’y a pas qu’un seul entraîneur. Il faut prendre pour chaque thème un entraîneur spécifique. Moi, c’est comme ça que je vois la performance, peu importe le sport.
Aujourd’hui, de plus en plus de sportifs font comme vous…
Bien sûr, mais vaut mieux tard que jamais, non ? En tout cas, en France. Après, dans certains pays que j’ai pu découvrir, j’ai été agréablement surpris de voir l’évolution dans différents sports. Aux Etats-Unis, ils sont très forts là-dedans. La dernière fois que je suis allé voir un match de NBA, chaque joueur avait un pool d’entraîneurs autour de lui : pour le shoot, pour le dribble, pour la conduite de balle, pour la préparation physique, et je ne parle pas de tout ce qui est diététique. C’est aussi ce qui fait que la NBA est là où elle est aujourd’hui. Mais j’ai été choqué de voir la différence entre le monde amateur et le monde pro. Ensuite, ce n’est tout de le dire, il faut aussi faire ce qu’il faut. Cela a un coût, c’est vrai, mais quand cela est bien utilisé, c’est un truc de malade.
C’est important pour vous de donner l’exemple, notamment aux jeunes ?
Bien sûr. Il faut qu’ils comprennent que le sport, c’est la santé. Quand je vois certains pays comme le Brésil ou les Etats-Unis, où le sport est vraiment ancré dans la société au quotidien… J’ai vu des parents payer des bourses de 90 000 dollars pour que leurs enfants fassent du sport à Tampa. Alors qu’en France, c’est très compliqué. Dans certains pays, des gens investissent dans le sport pour leur santé, pour des résultats sportifs, pour l’insertion sociale. Ici, il n’y a pas cette culture, mais c’est en train de changer. De plus en plus de personnes m’appellent pour me demander si Basic Fit c’est bien, si j’ai des conseils… Ils ne savent pas par où commencer en fait. C’est juste ça. Mais les gens ont besoin du sport, veulent en faire et sont demandeurs. Après, le sport, c’est facile de dire qu’on veut en faire. Ensuite, il faut savoir s’entraîner, savoir quoi faire pour ne pas être dégouté et avoir envie à chaque fois de revenir. C’est très important.