Thierry Braillard : « Un outil pour accroître le poids du mécénat dans le sport »

Thierry Braillard a pris la présidence de la Fondation du Sport Français. L’ancien secrétaire d’État chargé des Sports explique le rôle de cette fondation, revient sur le succès de l’opération « Soutiens ton club » et évoque les enjeux de Paris 2024.

 
Quel est le rôle de la Fondation du Sport français ?
La Fondation du Sport Français est un outil, qui a été créé pour être à disposition du monde sportif. C’est pour cela qu’originellement, les deux créateurs, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le Comité paralympique, ont créé cette fondation. Pourquoi un outil ? Parce que l’on se rend compte que, contrairement à la culture, le sport n’a pas la culture du mécénat ancrée dans ses gènes. A travers cette fondation, on permet et on accroît le poids du mécénat dans le financement du sport en France.
 
La Fondation du Sport Français a plusieurs missions…
Oui, la Fondation du Sport Français a plusieurs missions, la principale étant de soutenir l’innovation sociale dans le sport. Elle abrite différentes fondations, et c’est aussi à travers ces fondations abritées qu’elle développe différentes missions.
 
Parmi les missions, il y a le développement du sport santé, plus que jamais important en cette période de crise sanitaire…
Bien évidemment. La Fondation du Sport Français est un outil, et un outil est un instrument qui réalise – c’est pour cela que j’ai accepté d’en prendre la présidence, c’est ce qui m’a plu. On parle beaucoup du sport santé, une loi a été votée et maintenant il faut réaliser. Il faut vraiment développer cela, et sur ce secteur-là comme sur d’autres, la Fondation du Sport Français a un rôle central à jouer.
 

« L’opération « Soutiens ton club » va se poursuivre »


On entend depuis des années la nécessité de développer le sport féminin, le handisport, mais cela peine à avancer. Y a-t-il des raisons d’être optimiste ?
Oui, car il y a une impulsion publique. Tout le monde se rend compte de l’importance que génère le soutien au sport féminin, qui avait pris du retard. Il en est de même pour le soutien au handisport, qui mérite vraiment un très fort soutien, tant la structuration des clubs et aussi la structuration des activités sportives sont coûteuses. J’espère que cette réalité vue aujourd’hui par un grand nombre se traduise par des choix positifs pour le handisport et le sport féminin.
 
L’opération « Soutiens ton club » est-elle un succès pour l’instant ?
L’opération « Soutiens ton club » a été lancée en début de déconfinement, pour apporter une pierre à l’édifice du soutien aux clubs sportifs, qui ont subi des pertes financières importantes avec le confinement. Ils avaient également une saison à préparer. Nous avons 5000 clubs qui se sont inscrits et nous avons atteints le million d’euros en ce qui concerne les dons distribués, soit directement par fléchage des donateurs, soit via le fonds de solidarité, qui a été nourri par des partenaires comme Décathlon et la Française des Jeux. C’est une opération qui va se poursuivre parce que je pense qu’il faut qu’elle s’ancre dans le temps pour rappeler aux dirigeants sportifs de clubs de proximité que la Fondation du Sport Français est un outil pour eux, afin de pouvoir bénéficier des règles avantageuses du mécénat, avec notamment les règles avantageuses de défiscalisation des dons.
 
C’est une bonne nouvelle de voir qu’il existe une vraie solidarité du monde sportif…
Les chiffres que je vous donne le prouvent, il y a une prise de conscience, et on ne peut que s’en satisfaire.
 

« Créer des convergences avec Paris 2024 »

 
La Française des Jeux a organisé un super pactole solidaire au bénéfice du sport amateur. Faut-il multiplier ces initiatives ?
Je l’espère. De ce que je sais, ils ont été très satisfaits des retombées de cette opération. Nous en sommes aussi très satisfaits parce que la Française des Jeux, avec cette opération, a décidé d’abonder le fonds de solidarité de « Soutiens ton club ». C’est une opération qui est triplement gagnante. Gagnante pour la FDJ, parce qu’elle montre que derrière l’enjeu et le jeu, il y a aussi la solidarité. Gagnante pour l’opération « Soutiens ton club » parce qu’elle a une recette complémentaire qui n’est pas négligeable. Et surtout, gagnante pour tous les sportifs qui sont dans des clubs, parce que ce sont eux qui en bénéficient, avec les soutiens financiers.
 
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 doivent être un événement particulièrement important pour la Fondation. Doit-il donner un élan à la pratique sportive des Français ?
C’est évident. Cela étant, je regrette que Paris 2024 ait dans un premier temps décidé de lancer un plan héritage à travers un fonds de dotation. Je pense que ce plan héritage aurait très bien pu se faire en lien avec la Fondation du Sport Français, qui est là pour ça. Mais je ne désespère pas que l’on crée des convergences avec Paris 2024. Il faut que le monde du sport français comprenne une chose : quand on est dans la difficulté, quand les vents sont parfois un peu contraires – et nous sommes dans cette situation, nous sommes toujours meilleurs quand on joue tous dans le même sens et avec tous la même volonté. Cela s’appelle l’esprit d’équipe.
 
Des économies doivent être faites à cause de la crise sanitaire. L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques reste-t-elle une aubaine pour la France et les Français ?
Cela reste une aubaine si l’on prend conscience qu’avoir les Jeux en France, ce n’est pas seulement avoir deux fois 15 jours de compétition. C’est d’abord aider nos sportifs de haut niveau, et je rappelle que la Fondation du Sport Français abrite la Fondation du Pacte de performance qui aide à cela. C’est aussi accroître la pratique sportive des Français, et pour cela, il faut leur donner des outils, peut-être plus d’infrastructures de proximité, plus de soutien des opérations sur le sport santé et sur d’autres secteurs. Si on réussit ce pari-là, alors oui, on aura réussi les Jeux, et, oui, ça restera une très bonne chose pour notre pays.
 

Simon Bardet
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