Troisième de la dernière Route du Rhum, le skipper de l’équipe Sodebo se prépare pour l’Arkea Ultim Challenge. Un départ est prévu dès que possible pour la Route de la découverte qui relie Cadix et San Salvador (Bahamas).
Comment abordez-vous vos prochaines sorties ?
Thomas Coville : Grâce à la Route du Rhum, on a analysé le petit quelque chose qui nous manquait. On a donc décidé de rester à l’eau en 2023 pour améliorer notre bateau. Nous sommes parmi ceux qui naviguent le plus. Pour progresser, il le faut. L’Arkea Ultim Challenge est un objectif prioritaire. De la même manière qu’on prépare un ultra trail, on s’entraîne avec des distances plus courtes pour progresser. C’est pourquoi on a décidé de s’attaquer à la Route de la découverte et au record des 24 heures. Que ce soit en équipage ou en solitaire, on va faire plusieurs sorties. Pour chacune, on doit mesurer, analyser et comprendre. Sur un Trophée Jules Verne, on ne peut pas s’arrêter pour le faire.
Le travail avec la cellule de routage fait-il partie de vos axes de travail ?
TC : Ça fait partie de tous les points de travail. J’aime bien que le routage soit autorisé sur l’Arkea Ultim Challenge. Cela rajoute une touche de sport d’équipe que j’adore. On doit communiquer, travailler ensemble et notre programme permet de travailler cela. On n’est pas obligé d’attendre un concurrent, un organisateur. C’est intéressant pour régler chacun de ses paramètres.
Le précédent record de la Route de la découverte (6j 14h 29’21’’) est détenu par Spindrift 2, c’est un plus grand trimaran. Le Sodebo Ultim 3 compense-t-il en étant plus récent ?
TC : Spindrift 2 commence à dater, mais c’est un bateau avec un potentiel énorme. À l’époque l’enjeu était la longueur du bateau. Aujourd’hui, on est parti sur des concepts totalement différents avec la dernière génération. On prend notre puissance des foils donc on n’est pas obligé d’être aussi long et lourd. On est plus rapide, mais limité par la forme de la mer.
« On a voulu concevoir un bateau sain »
La classe Ultim est-elle homogène aujourd’hui ?
TC : Elle s’homogénéise beaucoup. Quand vous travaillez de votre côté, vous pouvez être sûr que les autres aussi. L’année dernière, on a gagné 20% de vitesse avec des foils différents et une meilleure maîtrise du bateau. Mais en fait, tout le monde a gagné en vitesse. C’est la classe la plus emblématique en recherche et développement. On commence à arriver à des convergences. Les tailles des foils commencent à se rapprocher. La qualité des bateaux réside dans le développement que chacun y met, mais également la fiabilité. Et pour ça, il faut naviguer.
Votre bateau est différent de celui de Charles Caudrelier, optez-vous pour des stratégies différentes ?
TC : C’est un bateau conçu pour le tour du monde en solitaire. Lors de sa genèse, on avait été très focalisé sur mon expérience du record du tour du monde. On a voulu concevoir un bateau sain. Peut-être un peu trop sage. Mais de cette base, on a maîtrisé notre progression pour monter en puissance. Ce qui nous permet d’être aujourd’hui un très bon challenger.
L’Arkea Ultim Challenge se rapproche-t-il de vos précédents tours du monde en Ultim ?
TC : Ce qui est compliqué dans un record, c’est de se battre face à quelqu’un qui n’a jamais eu les mêmes conditions. Dans une course, c’est l’inverse. On peut se comparer aux autres. Donc la stratégie, sportive, technique et mentale, est différente. L’Arkea Ultim Challenge se jouera au niveau psychologique. Il faudra être au top techniquement. Mais sur 40 jours, le mental va être primordial.