Top 14 – Pierre Mignoni : « Envie de jouer à balles réelles »

Du 23 février au 5 septembre… plus de six mois après, le Lou Rugby, en passe de se qualifier pour les demi-finales quand la saison a été arrêtée, retrouve son stade et le même adversaire, le Racing 92, ce samedi en ouverture du Top 14. Face à ce contexte particulier, l’entraîneur lyonnais, dont le groupe est touché par plusieurs cas de Covid-19, préfère « prendre le parti d’en rire » et se focaliser sur le jeu.

Dans quel état d’esprit êtes-vous, vous les et joueurs, à l’idée d’enfin rejouer en match officiel ?
Cela fait du bien de retrouver la compétition. On est excités que ça redémarre. On a un peu tous souffert ces derniers temps, le monde du sport, le rugby en particulier. Les joueurs ont très envie « de jouer à balles réelles ».
 
Malgré le stress permanent de cas de Covid-19 et des résultats des tests. Comment vivez-vous cela ?
C’est notre quotidien aujourd’hui, c’est un climat anxiogène. Ce n’est pas évident car toutes les mesures à respecter vont à l’opposé de ce qu’on veut dans le rugby : le partage, la convivialité, les échanges entre les joueurs sont réduits depuis un moment et ça s’est accentué ces dernières semaines. Ils ont parfois du mal à comprendre qu’il ne faut pas manger ensemble en dehors, par exemple, mais ils l’ont de plus en plus intégré car c’est important pour la vie d’un club et leur carrière aussi. On espère que les choses vont revenir normalement.
 
Avez-vous l’impression de partir dans l’inconnu dans ce contexte particulier ?
Non et on ne se cherchera aucune excuse. Je vais aligner une équipe composée à 95 % de joueurs déjà présents l’an dernier. Ils se connaissent, ils savent ce qu’ils ont à faire, on a rajouté quelques modifications dans notre jeu. C’est à eux de basculer dans le match, la reprise du Top 14, face à une très grande équipe. La plus grande anxiété n’est pas de savoir si on est prêts ou pas, c’est de gérer les cas Covid. Dans la saison, quand tu as 15 blessés, c’est compliqué. Là, la saison n’a pas commencé, on est déjà sur un nombre important d’absents. Tous les jours, il se passe quelque chose. Soit on le vit mal, soit on le vit bien. Je préfère prendre le parti d’en rire et que les joueurs en rient aussi plutôt qu’ils se matraquent le cerveau pour rien. C’est important de relativiser beaucoup de choses.
 

 
Notamment le fait que le stade sera à jauge réduite ?
On l’a un peu découvert lors de notre match amical à Bourgoin-Jallieu mais dans un stade plus petit. Là, dans un plus grand stade, ça va faire vide. Mais on est plus tristes pour les gens qui ne pourront pas participer. 5 000 personnes, c’est frustrant. Si on avait eu l’autorisation, il y aurait 20 ou 25 000 personnes. On sentait la forte envie chez tout le monde de venir au stade. Les matches à la télé, ça va un moment mais ça gonfle rapidement.
 
Que craignez-vous du Racing 92 ?
C’est une équipe très expérimentée et dangereuse partout. C’est une très belle équipe face à laquelle il faut être super disciplinée. Il vaut mieux avoir le ballon, la mettre sous pression plutôt que la laisser jouer dans ton camp. C’est vrai que c’est une équipe qui nous réussit ces derniers temps mais ce sont uniquement des statistiques. Je ne me base pas sur le passé. On les a vus il y a peu de temps (le 21 août en match amical, victoire du Racing 35-26), ils sont prêts ! Donc ça va donner lieu à un gros match.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud
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