Trisomie 21 : « Les freins sont principalement liés à la méconnaissance »

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Le 17 novembre aura lieu la journée nationale de la trisomie 21. À cette occasion, l’association Trisomie 21 France a lancé une campagne de sensibilisation auprès des clubs sportifs, afin de les encourager à davantage s’ouvrir aux personnes en situation de handicap. Magali Echasseriaud, responsable de la communication et de la collecte au sein de l’association, fait le point sur cette initiative et sur la situation de l’accessibilité du sport en France aux personnes porteuses de handicap.

Qu’espérez-vous accomplir avec cette campagne de sensibilisation ?

Tous les ans, une journée nationale et une journée mondiale sont mises en place avec des thèmes différents. L’objectif de ces journées est de se mobiliser autour de différents thèmes, pour que les personnes porteuses de trisomie 21 d’une part, mais plus généralement avec troubles du développement intellectuel puissent faire valoir leurs droits. La journée nationale est à notre initiative, et cette année, on a choisi le thème du sport, qui est dans l’actualité de 2024 puisqu’on sort des Jeux Paralympiques. À cette occasion, beaucoup de visibilité a été donnée aux sportifs porteurs de handicap, dont ceux avec trouble du développement intellectuel. Pas à ceux porteurs de trisomie 21 en revanche. C’est un autre sujet, puisqu’ils ont à la fois un trouble du développement intellectuel et des problématiques physiques, ils sont plus petits par exemple. Ils peuvent participer aux sélections des Jeux Paralympiques, mais ils ne sont jamais sélectionnés, car ils se retrouvent face à des athlètes qui ont un seul trouble, physique ou intellectuel. 

Donc cette journée nationale constitue pour nous une occasion de rebond, pour saluer le fait que la cause des personnes porteuses de handicap ait été très visible, mais aussi pour souligner qu’il ne faut pas s’arrêter là et qu’il y a encore beaucoup à faire. Nous allons communiquer sur nos réseaux sociaux pendant toute la semaine entourant cette journée sur le sujet.

Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les clubs sportifs pour accueillir des personnes en situation de handicap ? 

Les entraîneurs et les responsables des clubs sont souvent réticents, parce qu’ils se disent que ça va être compliqué, qu’ils ne sont pas formés pour ça. Concernant la partie déficit intellectuel, ça ne nécessite pas d’investissement financier ou d’adaptations matérielles, comme ça peut être le cas pour les handicaps physiques. Cela réclame plutôt des adaptations en termes d’accompagnement, ainsi qu’au niveau des entraînements, qui doivent par exemple être plus courts. Les freins sont donc surtout liés à la méconnaissance, au fait de ne pas savoir comment s’y prendre. 

Aujourd’hui, seulement 1,4% des clubs sportifs sont en capacité d’accueillir des personnes en situation de handicap (tous handicaps confondus), et une personne en situation de handicap doit souvent parcourir 50 km pour pratiquer le sport qui lui convient (selon des chiffres de France Paralympique, publiés avant les Jeux).

Quelles solutions pratiques proposez-vous aux clubs pour les aider à franchir ces barrières ?

On leur conseille en premier lieu de contacter des associations, que ce soit la nôtre ou une autre, et de ne surtout pas penser immédiatement que ce n’est pas réalisable. Si une personne qui a une déficience intellectuelle vient les voir, ils peuvent se renseigner auprès d’une association qui accompagne ces personnes. Elle leur expliquera ce qu’il faut qu’ils mettent en place, quelles sont les spécificités. Encore une fois, ça ne demande pas d’investissement, et les associations comme la nôtre peuvent aider les clubs à rédiger les documents nécessaires à l’accueil de ces personnes. On peut également, à l’instar des services médico sociaux, accompagner les éducateurs sportifs en leur expliquant quelles sont les règles de communication, comment ils doivent s’adapter, ajuster leurs discours et leurs entraînements. La clé, c’est vraiment de se mettre en lien avec des personnes qui sont spécialistes du sujet, qui vont leur expliquer pas à pas comment s’y prendre. Il ne faut pas fermer la porte tout de suite, alors que c’est tout à fait possible avec un petit effort de chacun.

Suite aux Jeux Paralympiques, avez-vous remarqué un changement concret à ce niveau ? Les clubs sont-ils plus enclins à accueillir des personnes avec trisomie 21 ou d’autres handicaps ?

C’est encore tôt pour le dire, on n’a pas de chiffres pour le moment. En revanche, on constate que le regard posé sur les sportifs porteurs de handicap a changé. Ils ont bénéficié d’une visibilité importante, et ont prouvé qu’on peut être sportif et faire de la compétition quel que soit son type de handicap. Peut-être qu’en voyant ça, des entraîneurs se sont dit que finalement, c’était possible d’accueillir des personnes en situation de handicap dans leur club.

Outre le cadre des Jeux Paralympiques, certaines initiatives récentes sont intéressantes comme Maisons Sport-Santé, un dispositif à l’initiative du gouvernement, qui vise à favoriser la pratique du sport. Le Comité Paralympique a de son côté créé le programme Club Inclusif, afin d’accompagner les clubs qui veulent accueillir des personnes porteuses de handicap, en leur proposant notamment des formations. Des sports mêlant personnes avec et sans handicap dans la même équipe se développent également, comme le Baskin. 

Comment Trisomie 21 France collabore-t-elle avec ces initiatives ?

Nous avons un partenariat avec BaskIN France. Notre objectif est de mettre en lumière toutes ces initiatives, afin que davantage de clubs réalisent qu’ils peuvent être accompagnés, en contactant une association ou le comité Paralympique !

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