Léo, Charles et Alexis sont amis dans la vie de tous les jours. A quelques semaines de leur défi Biarritz-Paris à vélo, ils se confient sur les 48h du handicap.
Pouvez-vous évoquer le concept de Raconte ton sport ?
Léo : Raconte ton sport est un podcast qu’Alexis et moi avons lancé en octobre 2020 lors du deuxième confinement. On s’ennuyait chez nos parents et on n’avait rien d’autre à faire à part suivre les cours en distanciel. On a décidé de relier la passion du son d’Alexis et ma passion pour le sport. C’est comme ça qu’est né Raconte ton sport, podcast dans lequel on interviewe aussi bien des sportifs amateurs que professionnels, des parasportifs, membres de staff ou arbitres qui viennent prendre la parole pour raconter leur sport. Petit à petit, on a réalisé un documentaire sur le handisport qui nous a beaucoup touchés et permis de découvrir ce milieu. A travers ce podcast, on a rencontré des personnes en situation de handicap physique et on a quand même réussi à donner la parole aux personnes en situation de handicap mental. C’est très difficile de les faire parler en podcast, ils n’arrivent pas à prendre la parole correctement. C’est de là que nous avons lancé les 48h du handicap pour récolter des fonds pour l’association APF France Handicap avec un premier défi pour les 48h du handicap, réalisé en octobre 2021.
Qu’est-ce qui vous a convaincu à vous engager pour l’association APF France Handicap ?
Alexis : Leur force de frappe. La première édition était dédiée aux Papillons Blancs, qui est une association de la région d’Yvetot. C’était parfait pour un premier essai. Pour la deuxième édition, nous voulions réaliser un défi plus national et nous avions besoin d’une grosse association dans le handicap et c’est ce qui nous a convaincus de choisir APF France Handicap car c’est la plus grosse association qui œuvre dans le handicap en France, ainsi que la deuxième plus grosse en termes de masse salariale. Ils ont plein de délégations partout en France et c’est un avantage.
« On voulait relever un défi plus important »
Vous avez relevé plusieurs défis comme le trail en 48h. Qu’est-ce qui vous pousse à réaliser des défis encore plus fous ?
Alexis : Avec Léo, on s’est mis à courir et on avait comme idée de courir 100km. Je me suis arrêté à 80km tandis que Léo a tenu les 100km. Nous nous sommes dit que c’était bien de se fixer une barrière de kilomètres. Charles, Léo et moi avons réfléchi à combien de kilomètres l’on pouvait parcourir dans un laps de temps réduit. On s’est dit 24 (heures), mais c’est trop court, 72 heures c’est trop et on s’est fixés à 48h. On s’est dit autant le faire pour une association.
Léo : On l’a d’abord fait à pied et puis on a vu l’engouement que cela a pris autour de nous, aussi bien des personnes que l’on connaît ou non, qui soutenaient le projet et le trouvaient génial. Les médias aussi étaient intéressés. Quand on fait quelque chose qui plaît aux gens, on a toujours cette envie de recommencer. On ne voulait pas recommencer pour faire quelque chose de similaire mais pour relever un défi plus corsé avec un plus grand engouement et un impact plus conséquent. C’est pour cela que pour le prochain défi, on va le réaliser à vélo. On va pédaler 750km pour l’association APF France Handicap.
Charles : Sur la première édition, je n’étais pas coureur mais j’étais intégré dans l’assistance. Je devais les accompagner le plus longtemps possible sauf que nous avons rencontré des petits problèmes de vélo. Je devais les accompagner à vélo. J’ai apprécié l’engouement de nos proches autour de nous et comme on est très amis depuis le début du collège, je me suis dit que j’aimerais bien faire avec Léo et Alexis. La course à pied ne me convient pas du tout. On s’est suggérés de réaliser ce défi à vélo pour que je puisse y prendre part.
Vous êtes actuellement en préparation pour parcourir Biarritz-Paris à vélo en 48h début septembre. Comment est venue l’idée ?
Léo : On voulait que Charles puisse participer à l’aventure avec nous. On s’aventurait déjà avec nos vélos et des tentes à 12/13 ans. On a traversé la Normandie à vélo. C’était tout naturel que cela se fasse à vélo. Pour le parcours, on voulait arriver à Paris et on a réfléchi au trajet idéal. On a exclu l’est de la France car trop montagneux bien que cela fasse moins de kilomètres. On s’est penchés sur le point le plus lointain avec une ville connue de préférence. Le choix de Biarritz nous est venu. Biarritz-Paris, ça parle aux gens, tout le monde visualise le trajet et il n’est pas trop massif. Le but, c’est d’aller le plus loin possible, en ligne droite pour que ce soit impressionnant pour tout le monde.
Comment se prépare-t-on à une telle aventure ?
Charles : Je crois que l’on n’est jamais vraiment prêt. Hier et avant-hier on a fait une grosse sortie à vélo où l’objectif était de pédaler 600 kilomètres et au final un pépin physique m’a fait arrêter au 400e kilomètre. Le mental a une place importante dans ce genre de défi. Quand tu vois l’engouement des 48h, je pense que ce sera plus facile pour tout le monde de pédaler.
Léo : C’est ça, de toute façon physiquement on ne sera jamais vraiment prêt à encaisser 30 heures de selle en 48h. Le plus important est de se préparer puisque les douleurs aux fessiers et aux jambes arriveront. Les douleurs seront là mais il faudra continuer à rouler quoi qu’il arrive pour atteindre notre objectif. On se prépare en enchaînant les sorties à vélo, en essayant de rouler sans trop de sommeil. Ce qui me fait le plus peur, c’est la fatigue car on ne va pas beaucoup dormir. Physiquement, je sais à quoi m’attendre mais la crainte de m’endormir sur le vélo et tomber est bel et bien présente. J’essaie surtout de me préparer là-dessus.
« La prépa mentale fait tout »
Quelle est la place de la préparation mentale dans l’aventure ?
Alexis : La prépa mentale, c’est ce qui fait tout. Quand je le dis aux gens, ils répliquent que c’est physique et non mental. Franchement, c’est que la tête pour moi. Quand on a fait le trail, je n’étais pas entraîné car j’avais des problèmes de genoux. La tête a tenu car j’étais fatigué dès le début. Concernant la préparation mentale, je pense que chacun la prépare à sa façon. Moi, j’essaie de visualiser la course et dire que même si ce sera dur, il y aura tel objectif après, à tant de kilomètres il y a des personnes qui nous rejoignent etc.
Outre la récolte de fonds, le but du challenge est de se surpasser…
Léo : Ouais complètement. L’idée était de dépasser nos limites mais on voulait le faire pour une asso donc ça a pris une grande envergure. L’idée, c’est de se demander ce qu’on est capable de réaliser en 48h en prenant en compte le sommeil, la nutrition et d’autres points qui deviennent de plus en plus importants en fonction de la durée de l’effort. On est tous les trois sportifs depuis notre plus jeune âge et jamais de la vie on se voyait capable d’accomplir de telles choses. Une fois qu’on se met dans la tête qu’on va le faire et qu’on est apte à réussir, ça passe. Mine de rien, une grande majorité de gens pas forcément sportive ne se voit pas courir dix kilomètres à la suite. Ça paraît un effort surhumain. Au final, sur la première édition des 48h du handicap, on a réussi à ramener 40 coureurs dont la moitié qui n’avait jamais couru plus de 5km. Au final, tout le monde a fini avec un grand sourire. Il faut se motiver, penser à autre chose et avoir envie de le faire. L’envie et la motivation profonde font avancer.
Alexis : Au-delà de dépasser ses limites, c’est une aventure humaine avant tout. Il y aura neuf personnes avec nous dans l’assistance au début du parcours Biarritz-Paris. On descend un jour avant le départ à Biarritz. Ce sera une bonne ambiance avec les copains présents dans l’assistance qui nous soutiennent. Lors du premier 48h du handicap, j’étais complètement cramé au kilomètre 70, je voulais tout arrêter. En voyant le sourire sur les visages des personnes qui nous assistaient, je me suis dit : « bon ok, je le fais pour eux ». J’ai envie de le revivre en septembre.
Charles : Pour ma part, je fais mes études assez loin et je ne vois pas mes amis de l’année. Prendre part à cette initiative est une occasion de pouvoir partager des moments comme ceux-là avec eux. Le défi sportif, l’aventure humaine avec les amis sont à prendre en compte pour moi.
D’autres aventures sont-elles prévues ?
Léo : On y réfléchit, on n’a pas encore la réponse.
Alexis : Il y a des idées, on ne peut pas en parler pour le moment. On attend de voir comment cela se passe durant les 48h du handicap lors du parcours Biarritz-Paris.