Un second souffle : des militaires blessés sur le chemin de la résilience grâce au sport

À travers un documentaire, l’ancien Commando Laurent Etchamendy met en lumière des anciens combattants grièvement blessés, qui ont trouvé dans le sport une nouvelle raison de se battre.

“Réaliser ce documentaire m’a transformé en tant qu’homme et en tant que réalisateur”. Laurent Etchamendy, ancien Commando en unité parachutiste, a décidé de donner la parole à des militaires blessés physiques et psychiques qui se sont reconstruits grâce au sport. Une production baptisée “La chance d’un second souffle”, qui lui aura demandé deux ans de réflexion, d’écriture et de réalisation, et qu’il dédicace à ses anciens frères d’armes décédés au service de la France.

Trois profils différents sont ainsi présentés : Cyrille (armée de l’air) a perdu ses deux jambes, Souleymane (armée de terre) est devenu paraplégique, et Sebastian (gendarmerie) a subi une reconstruction faciale qui le prive du goût et de l’odorat, en plus de l’avoir très fortement affecté psychologiquement. Tous trois ont donc une histoire différente, mais un point commun très fort : la reconstruction par le sport.

Un processus long et exigeant, que Laurent Etchamendy suit avec sa caméra : “Bien plus qu’un simple documentaire, ce film témoigne de la force de nos camarades qui ont trouvé dans le sport une voie vers la renaissance. Message d’espoir, de force et de solidarité, il raconte cette force qui pousse à se relever, à dépasser ses limites”, explique-t-il. “Malgré les cicatrices assumées et les blessures invisibles, l’espoir est toujours là. Le sport avec ses valeurs de dépassement de soi, de persévérance et de respect devient un moteur puissant de résilience. Il permet de se battre à nouveau et ainsi retrouver goût à l’effort, à l’accomplissement et à la vie tout simplement.”

Sport et esprit militaire

Une analyse que le parcours de Cyrille confirme parfaitement. Depuis sa blessure en 2016, l’ancien des forces spéciales de l’armée de l’air de 38 ans est devenu, comme ses deux autres camarades, athlète handisport de haut niveau, en se fixant comme objectif de participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Une reconversion qui lui est rapidement apparue comme une évidence : “J’étais hyper sportif avant donc ça faisait déjà partie de moi”, confie-t-il à l’occasion de l’avant-première du documentaire. “Quand je me suis retrouvé à l’hôpital sans mes jambes, la seule chose que je pouvais faire c’était du sport. L’armée met en place un parcours de reconstruction par le sport, que j’ai intégré jusqu’aux Invictus Games 2018”, poursuit-il. Première grande compétition pour lui, les Invictus Games sont un tournoi multisports, qui s’adresse notamment aux soldats et vétérans de guerre blessés. Cyrille rejoint à cette occasion l’équipe de France Militaire des Blessés et participe à plusieurs épreuves, telles que le développé couché, la natation, l’athlétisme, le volley-ball assis, le rugby-fauteuil et la voile, discipline où il décroche la médaille d’or.

Il enchaîne par la suite les compétitions jusqu’aux Jeux Paralympiques 2024, et développe ses compétences dans de nombreux sports différents. Pour ce faire, son expérience de militaire lui est bénéfique à plusieurs niveaux : “Elle m’aide à gérer mon stress, on sait que les compétitions pour un athlète peuvent être très stressantes. J’arrive à passer outre tout ça grâce à mon expérience et la préparation mentale que j’ai eue à l’armée”, souligne-t-il. “On a toujours été dans le dépassement de nous-mêmes, et on le réapplique dans le sport. La cohésion et l’esprit d’équipe sont aussi des valeurs qu’on est capables de remettre en place pour obtenir des résultats.”

Ainsi, grâce au sport, Cyrille a pu retrouver l’esprit de camaraderie et de solidarité qu’il avait connu lors de sa première carrière, en plus de nouveaux objectifs qui le poussent à se dépasser chaque jour. Au point de prendre finalement encore plus de plaisir qu’avant à faire du sport, compte tenu de ce qu’il a vécu ? Quand même pas : “C’est différent, je ne peux plus faire les mêmes choses qu’avant. Je m’éclate dans ce que je fais, mais je ne prends pas plus de plaisir, on va dire que c’est pareil”, résume-t-il en souriant, avant de donner les clés de sa réussite dans sa nouvelle vie : “L’entraînement paye toujours, il faut se donner les moyens, ça passe forcément par là. Les seules limites qui existent sont celles qu’on se fixe, peu importe ce qui nous arrive il y a toujours pire que nous ! On est encore vivants et il y a de belles choses à faire. Pas seulement pour les militaires d’ailleurs, mais aussi pour les civils, qui peuvent également avoir un accident de la vie !”

Maintenant que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 sont passés, Cyrille vise d’ores et déjà une seconde participation à la compétition à Los Angeles en 2028. Entre-temps, certains tournois de CrossFit et de parachutisme sont au programme. En attendant de basculer sur une activité de coaching en fin de carrière ? “Pourquoi pas ! Mais ça fait partie de l’étape d’après, donc pour le moment je me consacre pleinement à ma carrière d’athlète. Mais mon but est de pouvoir transmettre dans le futur, comme à l’armée où j’ai été formé d’abord avant de moi-même former ensuite.”

Quitter la version mobile