Une cuvée 2022 Du Stade vers l’Emploi succulente

©️ Pierrick BASTIDE

La dixième et dernière date Du Stade vers l’Emploi, en partenariat avec Pôle Emploi, l’Agence Nationale du Sport (ANS) et la Ligue Île-de-France de rugby, a eu lieu mardi à Saint-Ouen l’Aumône (Val-d’Oise). D’autres dates sont déjà prévues pour 2023 et 2024.

Recruter à travers le prisme du sport : voici ce qui est proposé un peu partout en France. Cette initiative vient de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA), sous l’impulsion de Philippe Lamblin, qui a lancé ce nouveau mode de recrutement dans les Hauts-de-France en 2019. D’autres fédérations comme la Fédération Française de Tennis de Table (FFTT) ou encore la Fédération Française de BasketBall (FFBB) ont emboîté le pas. En Île-de-France, la Ligue Île-de-France de rugby, par l’intermédiaire de Florian Grill, son président, a lancé son job-dating intitulé Du Stade vers l’Emploi. Mardi, la dixième et dernière date de cette manifestation francilienne se tenait sur le terrain synthétique du Parc des Sports de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). La Mairie de St-Ouen-l’Aumône, le Pôle Emploi de la ville, celui de Cergy, la Ligue Île-de-France de rugby ainsi que le Comité Départemental de rugby du Val-d’Oise étaient à la baguette. « C’est un événement qui a requis deux mois de programmation entre la coordination des équipes, la préparation des candidats et la mise à disposition du terrain », avance Delphine Pollet, directrice du Pôle Emploi de St-Ouen l’Aumône. « Cette opération est financée par l’Agence Nationale du Sport, le ministère du Travail et Paris 2024 », complète Vincent Pubert, bénévole en charge de l’emploi à la Ligue Île-de-France.

Outre l’aspect sportif, c’est aussi un excellent moyen pour les demandeurs d’emploi de montrer leurs compétences à travers des activités sportives. Ces derniers sont mélangés avec des recruteurs de divers horizons et des conseillers Pôle Emploi, le tout de façon anonyme. « C’est une façon plus décontractée de recruter, reconnaît Catherine Duperoux, directrice territoriale déléguée Val-d’Oise Ouest Pôle Emploi. C’est un bon moyen pour les recruteurs de voir le comportement des éléments présents, leur réaction, la cohésion, la capacité d’écoute et de travail. » KFC, Kangourou Kids, ENEDIS, la Police Nationale, METRO, ASWO, AMICIAL, BK CONCEPT, Mille et une nuits, Blue Green et REVIMA étaient les entreprises représentées.

Gilbert Derus et Frédéric Moreira, respectivement Adjoint aux Sports pour le premier et Adjoint à la Jeunesse Politique de la Ville de Saint-Ouen l’Aumône pour le second nommé, avaient aussi le sourire avant le début de cette matinée. « Cela casse les codes du recrutement et c’est beaucoup plus humain », souligne Frédéric Moreira. « C’est un projet plaisant et inédit, organisé pour la première fois par un Comité Départemental », insiste Gilbert Derus, par ailleurs président du Comité Départemental de rugby du Val-d’Oise. Vincent Pubert trouve cette méthode innovante et se montre envieux. « J’aurais adoré être embauché à travers un rassemblement mêlant sport et emploi. Pour mon premier job à 20 ans, j’ai dû passer quatre entretiens », ressasse-t-il.

Cette journée était découpée en deux blocs : la matinée était dédiée aux ateliers rugby tandis que l’après-midi était réservée aux entretiens. La partie rugby était dirigée par Yelen Tribert, Conseiller Technique de Clubs de la Ligue Île-de-France. Dans sa doudoune sur laquelle est brodée Conseiller Technique de Club Ligue Île-de-France de rugby, Yelen distille les consignes de la matinée aux dix équipes avant de passer à l’action. « Le but de cette matinée est de montrer que les valeurs de cohésion et convivialité présentes dans le rugby sont aussi transposables au monde du travail à travers différents ateliers. Tout au long de la demi-journée, chacun d’entre eux est capitaine », pose l’entraîneur, accompagné de 5 autres CTC et 5 autres encadrants , tous bénévoles tout le long de cette demi-journée.

Des ateliers animés dans la joie et la bonne humeur

Après le discours de Yelen Tribert, place maintenant à la pratique. 70 demandeurs d’emplois, tout ce beau monde était alors divisé en 10 équipes sur la pelouse synthétique, découpée en huit parcelles rectangulaires. Entre les skills à réaliser avant de faire la passe (passer le ballon derrière le dos ou sous les jambes), les traversées du terrain, combiner avec chacun de ses coéquipiers, les touches à exécuter et les matchs dans lesquels il fallait toucher l’adversaire pour qu’il lâche le ballon ovale, le mardi matin s’est révélé être très rempli.

Les rires et sourires étaient visibles sur tous les visages. Tout comme l’esprit de compétition, qui pouvait parfois prendre le dessus. Les gamelles, l’enjeu, la rapidité de certains exercices et les beaux gestes, comme cet essai d’une participante, sweat léopard et queue de cheval, qui criait de joie après avoir transformé. Les encouragements fusaient sur tout le terrain : « Allez ! », « C’est pas mal ! », « ça maîtrise », pouvait-on entendre de part et d’autre sur les différentes parcelles.

Les 70 candidats se sont tous prêtés au jeu. Pour la plupart d’entre eux, ils sont venus avec l’objectif de retrouver le monde du travail. Nijan est venu pour voir à quoi ressemblait Du Stade vers l’Emploi. « Même si c’est très physique, c’est un bon moment car on tisse des liens avec des personnes que l’on ne connaissait pas dès notre arrivée », dévoile le jeune homme originaire de Saint-Ouen-l’Aumône, chaîne plaqué or autour du cou et sweat à manches longues marron, entre deux matchs de rugby à 5. Certains d’entre eux n’hésitaient pas à tirer les camarades vers le haut. C’est le cas de Djemba, foulard rose et blanc sur la tête, chasuble rouge n°32 et sweat noir lors d’une rencontre de son équipe. « Ne vous laissez pas faire, soyez solidaires ! », a-t-elle lâché, à un moment où son équipe n’était pas loin d’encaisser un essai. Une fois les matchs terminés, le Paquito prend place. C’est un jeu typique du Sud-Ouest dans lequel plusieurs personnes s’assoient par terre les unes derrière les autres en tentant de porter à bout de bras jusqu’au bout de la chaîne. Quatre manches constituées de deux allers-retours en courant puis assis ont été mises en place pour clore cette matinée.

Yelen Tribert, Conseiller Technique de Clubs, entouré de 11 autres encadrants ©️ Pierrick BASTIDE

Les entreprises ont joué le jeu à fond

« C’était une bonne matinée. On a pris beaucoup de plaisir à vous encadrer. Vous pouvez être fier », lançait Yelen Thibert en guise de discours de clôture de cette fin de matinée. Les onze entreprises ont été séduites par l’initiative Du Stade vers l’Emploi, dont ENEDIS, la société de distribution d’électricité, qui recherche une centaine d’employés. « Cette initiative permet de lier chercheurs d’emplois et recruteurs en passant un moment privilégié à travers la pratique sportive », témoigne en bordure de terrain Raphaëlle Beauvais-Bouquain, Interlocuteur Privilégié à la Direction Territoriale du Val-d’Oise Ouest pour ENEDIS. « C’est une expérience originale », ajoutent en chœur Yveline et Aurélie, toutes deux chargées de recrutement pour Kangourou Kids.

Après l’effort, le réconfort. La centaine de personnes s’est dirigée vers une salle du Parc des Sports pour se restaurer. A la fin du déjeuner vient le moment tant attendu : la levée de l’anonymat. Delphine Pollet s’empare du micro et annonce successivement les prénoms des recruteurs et l’entreprise qu’ils représentent. En quelques mots, ces infiltrés lors de la matinée rugby se présentent et exposent leur employeur ainsi que les débouchés possibles. « Cela nous permet d’avoir un taux d’embauche de 25% après l’événement. Ce taux dépasse les 60% après trois mois », révèle Vincent Pubert. L’après-midi était consacrée aux entretiens entre recruteurs et candidats. A noter que Du Stade vers l’Emploi aura de nouvelles dates en 2023 et 2024, avec l’objectif de pérenniser ce rassemblement et de laisser un héritage pour l’après-JO.

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