Professionnels comme amateurs, les clubs de handball souffrent de la pandémie de Covid-19. Témoignages en Bourgogne-Franche-Comté avec le Grand Besançon Doubs Handball et Chevigny-Saint-Sauveur Handball.
Deux. C’est le famélique nombre de matchs que l’équipe fanion de Chevigny-Saint-Sauveur Handball a joué en Nationale 1 féminine depuis le début du championnat le 12 septembre. Avant même le deuxième confinement, la saison 2020-2021 s’annonçait compliquée pour ce club amateur situé dans l’agglomération de Dijon. « Nous avons commencé la préparation le 1er août sans cas de Covid-19 jusqu’en septembre, mais avec deux blessées aux croisés. Je pense que c’est une conséquence du premier confinement », souligne Fouad Ezzajjari, responsable technique du Chevigny-Saint-Sauveur Handball. « Puis à partir de la reprise, nous avons eu des cas positifs, les équipes adversaires aussi. » Et c’est les reports en cascade, puis les adultes qui n’ont plus eu accès aux gymnases, et enfin le nouveau confinement depuis le 30 octobre. Les équipes de jeunes de Chevigny-Saint-Sauveur n’ont pas connu meilleur sort, aucune n’a disputé plus de deux matchs dans son championnat respectif.
« Un vrai casse-tête à gérer »
L’interdiction d’accéder aux installations sportives et l’arrêt des compétitions ne concernent pas les professionnels, notamment les joueurs de Grand Besançon Doubs Handball (GBDH), qui évoluent en Proligue, la deuxième division professionnelle. Ce n’est pour autant que leur saison se déroule pour le mieux. « L’équipe professionnelle a été épargnée les quatre premiers mois de la reprise, mais fin octobre elle a été touchée de plein fouet. Treize joueurs ont contracté la Covid-19 dans un effectif de seize », relate Christophe Vichot, le président du GBDH. Après avoir disputé cinq matchs de la saison 2020-2021, les joueurs sont restés à l’arrêt pendant un mois, ce qui a entraîné un retard à combler. Depuis mercredi dernier, les handballeurs bisontins enchaînent trois matchs en six jours, d’abord à Nice, puis vendredi à Nancy avant de recevoir Sélestat ce soir. « Toute la difficulté vient de jongler entre la compétition et la santé des joueurs », insiste le président. « Ils ont été isolés, puis sont passés dans une phase de réathlétisation en douceur. Certains joueurs ont participé au match à Nice avec seulement quatre jours d’entraînements derrière eux. Pour être honnête, avant que l’effectif ne soit touché, je ne pensais pas que ça serait aussi compliqué, mais c’est une maladie grave et importante. Avec la reprise de la compétition, le risque suivant est celui de la blessure. C’est un vrai casse-tête à gérer. »
La visio comme lien avec les licenciés
Si les joueurs professionnels du GBDH continuent tant bien que mal leur saison, ce n’est pas le cas des autres équipes du club qui ne pratiquent plus le handball depuis l’interdiction d’accéder aux installations sportives. « Nous arrivons à garder un lien avec nos licenciés, grâce à nos entraîneurs qui font des séances à domicile en visio, envoie des programmes individuels, lance des défis aux plus jeunes », décrit Christophe Vichot. Du côté de Chevigny-Saint-Sauveur, les joueuses évoluant en N1 gardent la forme en accomplissant des séances de circuit training, toujours par écrans interposés. « On leur envoie le planning la veille pour qu’elles puissent préparer le matériel », ajoute Fouad Ezzajjari. « La visio permet aussi de se voir et de continuer à échanger sur la pratique ensemble. » Le même système est utilisé par les entraîneurs des équipes U11, U13, U15 et U18 pour garder le lien avec les licenciés. Pour les U13 filles dont Fouad Ezzajjari est également entraîneur, « on continue la préparation physique grâce à des lives, mais on propose aussi des petits défis à réaliser dans la semaine. » Des challenges et des jeux ludiques sont lancés aux U11. En revanche, la section du lycée Jean-Marc-Boivin est toujours active sur le terrain, les établissements scolaires étant encore ouverts. « Les groupes sont maintenus, mais les jeunes font des exercices physiques de manière individuel sans handball pour respecter les règles sanitaires », précise le responsable technique. Une éclaircie est venue des annonces gouvernementales, notamment la possibilité pour les mineurs de pratiquer à nouveau des activités extra-scolaires en intérieur. « La reprise des entraînements se fera en douceur pendant dix jours selon les protocoles établis avec la Ligue pendant les réunions hebdomadaires en visio avec la Ligue nationale de handball et les directions des clubs professionnels », annonce Christophe Vichot.
Un avenir incertain
Au-delà des matchs reportés et des championnats tronqués, la situation est préoccupante du côté des licenciés pour Chevigny-Saint-Sauveur Handball. « Depuis la reprise de septembre, nous avons une baisse de 20%. C’est une perte énorme », se désole Fouad Ezzajjari. Au club professionnel du Grand Besançon Doubs Handball, « le budget de la saison 2020-2021 est bouclé en anticipant cette pandémie », explique Christophe Vichot. « Nous avons la chance d’être soutenus par des partenaires institutionnels et privés qui nous font confiance et ont répondu présent au début de la saison. En revanche, il est possible que ces partenaires soient touchés par cette crise et le souci viendrait au moment de la reconduction. Nos interrogations portent pour la saison prochaine, en particulier si on ne finit pas le championnat pour la deuxième fois d’affilé. » Mais pour l’heure, le président du GBDH ne se projette pas aussi loin : « La problématique financière reste un souci majeur, mais la priorité demeure la santé des joueurs ».