Le CREPS de l’Île de France a lancé il y a quelques semaines la première vidéo pédagogique de prévention contre la radicalisation dans le sport à destination du grand public, mais surtout des éducateurs. Michel Godard, directeur, nous parle de cette initiative.
Comment le CREPS IDF en est-il venu à réaliser cette vidéo de prévention de la radicalisation dans le sport ?
Après avoir ouvert une formation qui consiste à sensibiliser au phénomène, nous avons organisé un séminaire à destination des éducateurs, des médecins, des sportifs, des dirigeants et des animateurs sportifs lors duquel il y a eu 337 personnes sur la journée. Enfin, nous avons eu un cas de radicalisation au CREPS. Nous avons donc été pleinement impliqués dans ce sujet et nous avons décidé de créer un outil qui nourrit le débat pour toutes nos formations.
Que peut-on voir dans cette vidéo ?
Elle dure 40 minutes et contient sept séquences avec une analyse du contexte et des préconisations. Nous avons monté cette vidéo avec des témoignages de spécialistes filmés lors du séminaire durant lesquels ils parlent d’analyse, de prévention et expliquent les choses à faire. Je juge la vidéo de bonne qualité pour sensibiliser à un comportement. J’en reviens au cas que nous avons eu : le judoka ne voulait plus saluer ses adversaires sur les tatamis, ne parlait pas aux femmes et demandait deux heures le vendredi pour prier. Après avis, nous avons conclu qu’il ne respectait pas les codes du sport et nous l’avons exclu.
Savez-vous s’il y a d’autres cas de radicalisation dans votre Région ?
Je ne saurais le dire. Cependant, 829 cas ont été signalés dans les clubs sportifs français en 2017. On sait aussi que la quasi-totalité des personnes radicalisées sont passées par des clubs sportifs. Il y en a qui cachent la situation, d’autres qui s’en débarrassent, mais il n’y pas d’adaptation possible ! Le sport a un objectif d’éducation, de laïcité et de lien social.
Le sport en lui-même peut-il être un outil pour lutter contre ce fléau ?
Je pense que dans le sport nous ne sommes pas armés pour ramener quelqu’un dans le droit chemin. Lorsque nous avons reçu le judoka avant son exclusion, il nous a expliqué avec des termes posés que ses convictions religieuses étaient au-dessus de tout. Ça faisait froid dans le dos.
La vidéo a-t-elle déjà été dévoilée ?
Elle a été finalisée et nous avons déjà eu des retours des ligues qui sont intéressées. Selon moi, c’est une formation accélérée pour savoir comment réagir face à un cas. Il y a encore des gens qui pensent que ces actions ne sont pas pour eux, mais c’est une erreur ! Tout le monde peut y être confronté.
Avez-vous été soutenu dans la réalisation de cette vidéo ?
Nous avons collaboré avec la Région Île-de-France a qui le sujet tient énormément à cœur. Elle a beaucoup relayé nos actions.