Valentin, un prénom à suivre tant ce pentathlète est des plus attachants. Une force de caractère palpable dès la première rencontre avant même qu’il livre son histoire. Un jeune homme de 23 ans, droit dans ses bottes, qui ne laisse aucun interstice au hasard pour tracer son destin. Un sportif à part, mobilisé entièrement par l’envie de se donner à sa discipline et pour la porter vers les sommets. Un talent très vite repéré par Sébastien Deleigne, triple champion du monde de pentathlon, qui le guide lors de ses premiers résultats régionaux. Un cavalier qui, reçu au concours de la Police Nationale, s’entraîne avec constance pour être garde républicain. Rencontre avec un phénomène d’une rare générosité.
Valentin, ton état d’esprit aujourd’hui ?
Je me sens chanceux. Un peu fatigué ce matin au réveil. M’entrainant à Paris à l’INSEP, j’ai fait, hier, le trajet Paris-Narbonne. De la joie et hâte de rencontrer tous les athlètes accompagnés par la Banque Populaire du Sud. Une nouvelle expérience à vivre. Une vraie envie d’être là avec vous tous.
Chanceux ? Tu as un regard positif…
Absolument. Toujours. Il faut être extrêmement positif. J’ai eu des obstacles à franchir, comme tout en chacun. Mais, je fais quelque chose que j’aime dans un cadre que je ne pouvais pas imaginer mieux. Petit, mon objectif était de faire une scolarité « sport-études ». Mes études sont terminées et maintenant je me consacre au sport. C’est génial.
L’envie « sport » t’es venue comment ?
J’étais un gamin hyperactif. Je bougeais tout le temps. Je courais partout. J’avais besoin de me dépenser. De plus, j’appartiens à une « tribu » où le sport est plus que présent. Maman est professeur d’éducation physique et Papa a été entraineur de rugby.
Ressentir tes limites, quand tu étais petit c’était déjà cela ?
Utiliser toute l’énergie que j’avais pour me canaliser. Lorsque j’ai vu que je pouvais, en plus, performer… la « passion sport » s’est déclenchée. Certainement l’une des alchimies les plus fortes qui a déterminé le cours de ma vie. Me dépasser, m’entrainer dur pour pouvoir être le premier en compétition, c’est ce qui m’anime.
Dépasser tes propres limites ou vaincre le compétiteur que tu as en face ? Quel est ton adversaire : toi-même ou l’autre ?
Le dépassement de soi est une compétition dans laquelle l’adversaire le plus redoutable à affronter est, sans aucun doute, soi-même. La victoire n’engendre pas, pour moi, de véritable perdant et ne se fait donc pas, forcément, au détriment d’autrui. C’est certainement cela la noblesse du sport et c’est pour cela que je fonce.
Sais-tu pourquoi, tu t’appelles Valentin ?
Je pense que mes parents s’aimaient beaucoup… du coup la Saint-Valentin ! C’est l’histoire qu’ils ont plaisir à me raconter.
Parle nous de ton frère dont tu es très fier ?
Je pense que mon frère a pâti du fait que je réussisse sportivement. Du coup, il s’est fait remarquer pas de la même manière, mais d’une façon plus belle à mes yeux. Il était très fort au handball. Nathan a trouvé sa voix ailleurs. Il accompagne des jeunes en situation de handicap. Il a un feeling énorme avec les enfants et transcende leurs différences. Il est épanoui et heureux. Il a des étoiles dans les yeux quand il parle de son métier. C’est vraiment top. Nous avons une relation fusionnelle. Je serais incapable de faire ce qu’il fait. Je suis extrêmement fier de mon frère.
Valentin, tu es membre de l’Equipe de France de Pentathlon moderne. Peux-tu nous expliquer ce qu’est le pentathlon moderne ?
Le Pentathlon est un sport composé de cinq disciplines qui se déroulent dans l’ordre suivant : l’escrime, la natation, l’équitation, la course à pied et pour terminer le combiné tir-course. Les trois premières épreuves permettent de marquer des points qui donnent l’ordre et les temps de départ du combiné. A la fin du combiné, l’athlète qui passe la ligne d’arrivée en premier gagne la compétition. Il faut être polyvalent.
… et pourquoi avoir choisi ce sport ?
Enfant, je pratiquais le tir à la carabine et l’escrime en moyenne section de maternelle. Par contre, je nageais très mal et ne montais pas encore à cheval. Un jour Maman apprend, qu’au sein du club de natation de Narbonne, une section de pentathlon moderne se forme sous l’initiative du multiple champion de pentathlon, Sébastien Deleigne. Pour moi, un sport qui regroupait cinq activités…c’était génial ! Par contre, mon maillon faible était la natation. Il a fallu donc que j’apprenne à nager correctement.
… le déclic, raconte-nous ?
La vie est faite de rencontres. J’ai eu la chance d’être pris en main par un entraîneur de natation avec qui ça c’est super bien passé. J’avais aucune appétence mais beaucoup de motivation. Mon objectif était d’intégrer le pôle France à Font-Romeu pour faire à la fois du sport et des études et pouvoir être sélectionné en équipe de France. Lorsque j’ai envoyé ma candidature à Font-Romeu, je n’ai même pas été pris en stage. La déception. Horrible ! Je ne nageais toujours pas assez bien. L’année qui a suivi, j’ai donc redoublé d’effort. J’ai travaillé, travaillé et retravaillé. J’allais nager à 6 heures du matin avant mes cours en classe de seconde au lycée à Narbonne. Lorsque l’on me dit NON, je mets tout en œuvre pour prouver que la vraie réponse doit être : OUI.
… et alors la suite, nous sommes impatients de la connaître ?
A ce moment-là, je couplais déjà beaucoup de disciplines sportives. Premier circuit national, première compétition : je gagne en finissant champion de France minime de pentathlon !
Trop cool, tes efforts ont payé…
La seule alternative de Font-Romeu : m’incorporer. Alors même que je pouvais rentrer au pôle d’Aix en Provence, je me représente à celui de Font-Romeu. Il n’avait pas vu en moi le potentiel. J’ai donc pris le taureau par les cornes !
On ressent, lorsque l’on t’écoute, que l’entourage est déterminant dans ton cheminement…
Je suis extrêmement reconnaissant. Une anecdote : un week-end j’avais trois compétitions en même temps. Maman fait le taxi, sur plusieurs kilomètres, afin que je puisse tenter ma chance aux trois rendez-vous. Mes parents se sont dévoués pour que je vive à fond ma passion pour le sport.
Quels sont les mots, comme cela à la volée, que tu dirais pour caractériser ta Maman et ton Papa ?
Pour Maman : ma plus fidèle SUPPORTRICE. Pour Papa : mon MODELE de rigueur. J’ai l’image d’un homme qui lorsqu’il dit quelque chose, il le fait. Mes parents sont toujours au rendez-vous qu’ils posent. C’est géant. Explosé de fatigue, lorsque le matin je ne pouvais pas me lever pour aller nager…Je ne pouvais pas reculer car je n’aurais pas été à la hauteur de leurs engagements respectifs. Je me bottais les fesses et je fonçais. Etre digne d’eux, tout simplement : de Maman, professeur d’éducation physique et de Papa, ancien contrôleur de gestion qui a monté sa propre société de vente de matériels d’escrime. Deux modèles de réussite à mes yeux.
Parle nous de tes coachs…
Sébastien Delalande est un coach de natation qui ne jure que par « travail et technique ». Lorsqu’il me demande de m’entrainer avec des jeunes espoirs qui avaient trois ou quatre ans de moins que moi, mon égo en a pris un coup. Un peu la honte, tout en sachant qu’il avait raison. Ces « petits » avaient un meilleur niveau que moi et je devais avoir l’humilité d’apprendre la technique avec eux. Je me suis dit : pas de jugement, tu t’entraines, il faut que tu passes par là. Je l’ai écouté et suivi les yeux fermés. Deux ans après, je m’entrainais avec les jeunes de mon âge dans le groupe « compétition ».
Par Banque Populaire du Sud