« Vélo & Fromages », pédaler pour mieux manger

Partir sur les belles routes de France pour découvrir le savoir-faire de nos producteurs, c’est ce que propose le dispositif « Vélo & Fromages ». Rencontre avec les différents acteurs de cette initiative, qui mettent l’accent sur l’importance d’un tourisme doux et de la découverte des 1 500 fromages français.

 
Et s’il n’y avait plus aucune raison d’hésiter entre une sortie sportive et un rendez-vous gastronomique ? Depuis l’année dernière, l’Assemblée des Départements de France, le CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière), Tourisme & Territoires et Vélo & Territoires ont mis en place le projet « Vélo & Fromages, la France sur un plateau ». L’objectif : renforcer la valorisation des patrimoines touristiques et gastronomiques des départements. Ou comment concilier effort cycliste et réconfort laitier. L’idée a immédiatement conquis les présidents de départements, puisque moins d’un an après le lancement de ce projet, 45 départements ont déjà reçu le label « Vélo & Fromages ». Pour obtenir ce précieux sésame, les départements candidats devaient démontrer leur engagement en matière de politique cyclable, proposer un ou plusieurs itinéraires capables de mettre en avant l’économie laitière locale aux abords du tracé. Le département du Jura a été l’un des premiers à demander le label « Vélo & Fromages ». « La politique du vélo dans le Jura se pratique depuis très longtemps, que ce soit du côté sportif avec le Haut-Jura et les premiers plateaux ou du côté détente en famille, dans des zones un peu plus planes. Le département du Jura reçoit assez régulièrement le Tour de France et on voulait mettre en avant le vélo et le patrimoine. Cette opération était bien pour un département comme le nôtre où nous avons pas mal d’AOC fromagères : comté, morbier, différents bleus », explique Gérôme Fassenet, Président du Comité Départemental du Tourisme du Jura.
 

 

Des itinéraires pour tous les publics

 
87 itinéraires sont aujourd’hui labellisés « Vélo & Fromages » en France. Pour être éligible, chaque itinéraire devait obligatoirement être déjà existant, sécurisé et balisé, tout en proposant un classement par niveau de pratique du vélo. « Au total, dans le Jura, il y a 2 000 km de parcours balisés sur des routes partagées, dont 130 km de véloroutes et voies vertes, avec une entrée principale qui est l’EuroVelo 6 qui relie l’Atlantique à la Mer Noire. C’est une très belle entrée et, à côté de cela, plus spécifiquement pour Vélo & Fromages, nous proposons 650 km de circuits labellisés dans le département, sur tous types de parcours, avec des hébergements qui sont proposés à la clientèle. Il y a une étape spécifique qui est notre coup de cœur, la Boucle n°8, avec l’emblématique montée des lacets de Septmoncel, les fruitières et les paysages des Hautes Combes. Nous avons aussi la Boucle 21 autour de Champagnole qui est une ville étape du Tour de France 2020. On a réussi à faire des Boucles accessibles à tous les publics, qui associent le savoir-faire autour du fromage et des boucles familiales où l’on peut se balader en toute sécurité », détaille Gérôme Fassenet.

Le Département de la Haute-Savoie propose, depuis cette année, trois itinéraires dans le cadre de « Vélo & Fromages ». Les passionnés de vélo les plus sportifs peuvent faire le Tour des Glières (90 km, dénivelé positif : 1280m) et découvrir trois lieux remarquables : Thônes, capitale des Aravis, La Roche-surForon, cité médiévale classée, et ThorensGlières. Ce parcours est l’occasion de s’arrêter à la fromagerie-restaurant La ferme de Lorette (Thônes), à la ferme Angelloz (Saint-Jean-de-Sixt), ou de flâner sur le marché de Thorens-Glières. Pour ceux qui souhaitent découvrir la Haute-Savoie en empruntant un itinéraire un peu plus facile, il est possible de se lancer sur le circuit de la Vallée Verte (66 km, dénivelé positif : 950m). Il faudra quand même gravir le col de Cou (1 117 m), avant la récompense, une grande descente intégrale de la Vallée Verte. L’occasion de traverser de jolis villages et d’admirer de superbes paysages, entre Mont Blanc et Lac Léman. Le troisième itinéraire proposé par le Département de Haute-Savoie est le tour du Semnoz (55 km, dénivelé positif : 650m), qui débute par le col de Leschaux (897 m), se poursuit par la vallée du Chéran avant de se terminer sur le flanc ouest du Semnoz.
 

 

« Les professionnels apprécient cette mise en lumière »

 
Il fallait également, pour recevoir le label, respecter un ratio de sites fromagers par itinéraire (a minima 3 sites). Les sites fromagers devaient également remplir plusieurs conditions d’éligibilité : être situés à moins de 6 kilomètres d’un itinéraire cyclable et être ouverts à la visite au moins un jour par semaine ou sur demande d’un particulier. Les différents acteurs ont évidemment apprécié que leur département s’engage. « Cette démarche a été très bien accueillie par les acteurs, les producteurs qui voient là une occasion de communiquer sur leurs produits d’excellence et leur savoir-faire. Il y a beaucoup de producteurs, comme des fruitières à Comté ou à Morbier, qui se sont associés avec d’autres producteurs (charcuterie, vin, ou autre produits locaux). Cela devient un vrai point d’étape de produits locaux. C’est vraiment une belle opération, on y a adhéré très rapidement. Cela correspond à ce que l’on fait dans notre département, il y a une mise en lumière et les professionnels apprécient beaucoup », se félicite le président du CDT du Jura.
 

Savoir-faire et tourisme doux

 
L’occasion est ainsi donnée aux cyclistes de faire une halte bien méritée en visitant des fermes, des productions laitières, des caves d’affinage, en se rendant chez des crémiers fromagers, ou en s’accordant une pause gourmande sur un marché ou dans un restaurant. C’est aussi un moyen de faire découvrir les métiers du lait, le savoir-faire d’artisans passionnés et la diversité du patrimoine culinaire des départements. Et s’il est encore trop tôt pour faire un retour sur les retombées économiques de ce nouveau projet, l’important est parfois ailleurs, comme l’indique Gérôme Fassenet : « Concernant le flux de visiteurs, il est trop tôt pour faire une évaluation. Ce projet nous permet d’avoir une offre touristique un peu plus importante sur notre territoire. L’avantage de « Vélo & Fromages » auprès du public, c’est aussi de le sensibiliser au travail des professionnels tout en ayant un tourisme doux. C’est l’objectif principal. »
 

 

Questions à Philippe Rochard, responsable du Pôle Hors Media du CNIEL :

 
Comment avez-vous accueilli, au CNIEL, ce projet « Vélo & Fromages » ?
On l’a fortement bien accueilli, forcément, car l’idée est – à travers ce concept – de valoriser notre patrimoine laitier au niveau national. On a la chance d’avoir plus de 1 500 fromages aujourd’hui qui sont fabriqués sur le territoire national. C’était une excellente initiative pour valoriser les fromages et les produits laitiers. Donc ce projet a été très bien accueilli. On a bien aimé ce projet qui s’appelle dans son ensemble « Vélo & Fromages, la France sur un plateau ». C’est vraiment ça. On a la chance d’avoir un pays où vous avez des fromages quasiment partout. Les fromages couvrent quasiment 98% du territoire national.
 
En tant que partenaire, quelles sont vos attentes ?
Nous avons été séduits par le fait de créer des circuits de cyclotourisme avec la possibilité, en fonction des départements retenus, de pouvoir aller visiter une exploitation laitière, une cave d’affinage, ou d’aller sur les marchés et de découvrir les fromages. C’est vraiment l’occasion de faire découvrir aux cyclotouristes cet univers laitier, qui est assez important en France. La France est le bon pays pour ça. Il y a un patrimoine fromager qui est quand même unique au monde, avec ces 1 500 fromages. C’était intéressant d’aller à la rencontre de nos départements à travers un circuit où l’on met en scène les fromages et les produits laitiers.
 
Quel impact économique va générer ce dispositif sur l’économie laitière ?
C’est difficile de répondre à cette question maintenant. C’est un projet qui est en train de se mettre en place progressivement. Cela va réellement commencer à partir du printemps 2020, il faut être réaliste. L’aspect économique, c’est une chose, mais ce qui me paraît important, c’est la découverte, aller à la rencontre de producteurs, de crémiers fromagers qui, tous les jours, essayent de valoriser ces produits.
 
Avez-vous déjà eu des retours de la part des acteurs de ce projet ?
On a eu des retours de producteurs, de laiteries aussi. Il n’y a pas que la visite de petits producteurs fromagers, il y a également la possibilité de visiter des laiteries. On a eu des retours des crémiers fromagers. Aujourd’hui, c’est une profession qui est en train de revenir sur le devant de la scène. Cette profession avait plutôt tendance à diminuer, mais depuis deux, trois ans, il y a de nouveaux établissements qui ouvrent au niveau national. Tous ces gens-là trouvent intéressante cette idée d’essayer de valoriser le fromage. Ce sont des retours positifs. Et cela peut être intéressant de se parler dans un an pour voir ce qu’il s’est passé concrètement sur le terrain concernant les visites. Pour l’instant, c’est difficile à quantifier. Mais ce projet est intéressant, il a beaucoup intéressé l’interprofession laitière.
L’atlas des itinéraires est disponible en téléchargement sur http://www.departements.fr/wp-content/uploads/2020/05/Atlas-Mai-2020-140520-compress%C3%A9.pdf

Par Simon Bardet
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