Mercredi, Clarisse Crémer à franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. Après 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes passées en mer, la skippeuse basée à Lorient a terminé 12e de cette édition.
C’est en 2015 que Clarisse Crémer décide de changer de vie. La Parisienne s’installe alors en Bretagne
pour vivre de sa passion : la navigation. La même année, à 25 ans, elle lance son premier projet « Clarisse sur l’Atlantique » avec comme objectif de participer à la Mini Transat 2017. Elle, consultante en stratégie digitale et webmarketing, va se servir des réseaux sociaux pour promouvoir son projet et réunir les fonds nécessaires. La jeune skippeuse va raconter ses aventures, toujours avec humour, sur les réseaux sociaux. Les observateurs sont alors perplexes : c’est une bonne communicante mais les résultats vont-ils suivre ? Ces premiers pas dans le grand large sont prometteurs, elle gagne avec Erwan Le Draoulec la Mini-Fastnet, en août elle remporte en solitaire la Transgascogne. Enfin, en octobre, elle s’aligne au départ de la Mini-Transat et termine 2e. Ses débuts canons la pousse dans le grand bain : en 2018, elle entre dans le circuit Figaro. C’est après une 14e place en double sur la Transat AG2R, en 2019 que Clarisse Crémer devient skippeuse professionnelle. Toujours sous les couleurs de son partenaire Everial, elle prend le départ de la mythique Solitaire du Figaro. Un vrai baptême du feu, elle se frotte aux plus grands noms de la voile et termine 29e sur 47 participants, une place honorable pour une première.
Sa carrière prend un tour inattendu quand la Team Banque Populaire, grosse écurie du Vendée Globe, lui propose de participer sous ses couleurs à la prochaine édition de la course mythique. La Team donne à Clarisse Crémer un éminent formateur : Armel Le Cléac’h. Le 8 novembre 2020, elle prend le départ de la course en solitaire. A la découverte du monde, la skippeuse est malmenée lors de la descente de l’Atlantique. Les fronts à répétition, la dépression tropicale Thêta, les quelques travaux à faire à bord, tout s’accumule. La fatigue la ronge, elle doute. Une nuit elle écrit : « j’ai peur, je flippe grave. Je sais que chaque coup de vent hypothèque un peu la santé de mon bateau. » Mais Clarisse Crémer s’accroche. Elle puise en elle une force de caractère qui va la pousser à se dépasser. Après une énième bataille elle passe enfin le Cap Horn, la skippeuse laisse alors éclater sa joie : « j’ai l’impression d’avoir gagné mes galons de navigatrice. » Son bateau n’a maintenant plus de secret pour elle, Clarisse Crémer distance alors ses concurrents directs.
La remontée de l’Atlantique l’oblige encore à surmonter quelques tracas mais l’arrivée aux Sables
d’Olonne est libératrice. Dès le pied posé sur la terre ferme, la navigatrice tient à faire passer un
message : « Mon but était de terminer le Vendée Globe en naviguant bien, en étant en mode course et
pas en promenade de santé. Le fait d’être première femme, c’est chouette, c’est une cerise sur le gâteau
car on est peu nombreuses, ça met en valeur les projets. Mais sur l’eau, il n’y a pas de différence entre
le fait d’être une femme ou un homme. `Ce n’est pas ça qui détermine notre façon de naviguer ou notre façon d’appréhender la course. Je pense à toutes les femmes qui sont sur cette édition, à celles qui
étaient devant et qui n’ont pas eu de chance. Le Vendée Globe, ce n’est pas qu’une course, c’est aussi
boucler un tour du monde en solitaire à la voile et ce n’est pas rien. » Clarisse Crémer signe ainsi le meilleur temps féminin de la compétition. Une performance historique qui n’est pas la dernière pour la jeune navigatrice ! Pourtant, son arrivée est marquée par des déclarations plus inquiétantes sur l’état de nos océans. En conférence de presse, la skippeuse a voulu aussi alarmer sur toutes les bouteilles de lessive ou les barils de pétrole qu’elle a pu croiser en mer. Plus que jamais, Clarisse Crémer s’élève et devient une voix importante pour la défense de l’environnement.