Le navigateur journaliste Fabrice Amedeo prendra le départ du Vendée Globe, le 10 novembre prochain, à bord du voilier Nexans – Wewise équipé d’un dispositif océanographique inédit.
Affronter les défis du Vendée Globe est déjà un sacré challenge. Mais avec une double casquette, cela relève du défi d’une vie. Venir à bout de l’épreuve et faire avancer la science, tel est l’objectif de Fabrice Amedeo. L’ancien journaliste s’apprête à prendre le départ de son troisième Vendée Globe avec un bateau équipé de trois capteurs océanographiques.
Le premier, appelé « Ocean Pack », permet de mesurer le CO2, la salinité et la température des océans. Le second capteur est un capteur de microplastiques. Équipé de filtres de 300 microns, 150 et 30 microns qui permettent de piéger différentes tailles de particules dans l’océan, il offre l’opportunité aux scientifiques de réaliser une étude fine et inédite sur la présence de microplastiques dans les grands espaces bleus. Le troisième capteur qui vient compléter ce dispositif est un capteur d’ADN environnemental. Objectif : mesurer et cartographie la biodiversité marine à partir de l’ADN environnemental. Fabrice Amedeo partira également sur le Vendée Globe avec 16 bouées Melodi dérivantes : ces bouées dérivantes éco-conçues développées par la start-up bretonne eOdyn, spécialisée en océanographie et analyse de données massives, permettent de mesurer le spectre et la hauteur des vagues, la température et les courants.
Une aventure qui permet de « faire l’inventaire du vivant »
« Cette approche est révolutionnaire, car elle permet de recenser la présence ou l’absence d’espèces rares ou en voie de disparition, mais aussi de détecter les espèces invasives et autre pathogènes. Faire l’inventaire du vivant permet de mesurer la santé de nos océans en temps quasi réel et donc d’en appréhender la dynamique due au changement climatique », explique Xavier Pochon, chercheur spécialisé dans la surveillance moléculaire et professeur associé en biologie marine à l’université d’Auckland. « Nous manquons cruellement de données biologiques provenant des quatre coins du monde. Nous disposons de modèles étonnants qui prédisent le changement climatique, mais aucun d’entre eux ne contient de données biologiques réelles collectées en mer. Si vous voulez donner un sens au changement climatique et comprendre comment les communautés de plancton évoluent, il est urgent et essentiel de rechercher des données spatio-temporelles solides. »
Ce projet scientifique complet et inédit sur un Vendée Globe se poursuivra de retour à terre avec les analyses de filtres microplastiques à l’Ifremer et l’université de Bordeaux, les analyses de filtres d’ADN environnementales à Cawthron Institut en Nouvelle-Zélande. L’investissement du skipper et de ses partenaires va également se poursuivre via son fonds de dotation Ocean Calling avec le financement d’un technicien à l’université de Bordeaux et l’Ifremer pour analyser les filtres issus des campagnes de mesures et, à terme, le financement d’un doctorat dédié à ces sujets.