Victoire Andrier : « Je pars de l’escalade en paix »

FFME

Finalement pas qualifiée pour les Jeux Olympiques, Victoire Andrier a pris la décision d’arrêter l’escalade en compétition. Elle revient sur cette retraite mûrement réfléchie, sans regret.

Après être avoir été à la lutte pour une place aux Jeux Olympiques, vous n’irez finalement pas à Paris. Dans la foulée, vous prenez votre retraite sportive, prévue après les JO. Une décision réfléchie, même si arrivée plus tôt qu’anticipé…

Je me suis toujours dit que j’arrêterais après Paris. Mais la décision d’arrêter est quand même difficile. En rentrant de Budapest, la dernière chance de qualification pour les Jeux, j’étais crevée. Même si j’étais encore qualifiée pour les Coupes du Monde de Chamonix et Briançon, je n’avais plus l’énergie et la motivation pour aller chercher quelque chose. J’aurais pu mobiliser les moyens pour repartir, je l’ai déjà fait, mais ça ne m’aurait pas fait de bien. A Chamonix, je voulais garder le bon souvenir de l’année dernière, avec ma 2e place devant un public génial. J’ai tenu à y aller quand même sans concourir, pour un dernier moment de partage.

« Je tenais à bien fermer la porte »

C’était important pour vous de conclure votre aventure avec l’escalade sur une telle note positive ?

Complètement. A Chamonix, c’est la meilleure manière de faire une vraie conclusion, bien boucler mes « au-revoir ». J’ai pu parler à tout le monde, échanger avec le public, c’était super. Je tenais à bien conclure, bien fermer la porte. L’histoire se termine sur un bon souvenir. Tout arrêter, c’est quand même un moment très particulier dans la carrière d’un athlète, et il faut arriver à bien le gérer. Se lever le matin et ne rien avoir à faire, c’est déboussolant ! Je suis vite repartie sur différents projets, comme finir mes diplômes, entrer dans le monde du travail, peut-être faire une saison au ski en tant que moniteur, courir un marathon…

Comment avez-vous vécu les dernières échéances de qualification olympique ?

C’est déjà à Shangaï, la première manche qualificative, que j’ai vécu cette déception. J’étais mal classée, et honnêtement, il y avait 1% de chance que ça passe. C’était très étrange pour moi, la compétition où j’ai été le plus perdue. Surtout en termes d’émotions. J’étais suractivée dans la tête, alors j’ai eu le sentiment que toutes mes routines habituelles pour me mobiliser ne servaient à rien. En fait, c’est comme si je n’avais eu aucune compét’ de préparation avant. Finalement, je fais faux départ au practice, et fais une faute en qualification. Je pense que c’est l’accumulation de toutes les semaines, mois et années précédentes à penser à ce moment. Pour tout le monde, on a senti qu’on arrivait assez usé, tendu par cet objectif qui rend tout le monde un peu fou. C’était énormément de pression, rien à voir avec tout ce qu’on a vécu avant.

« Grâce à cet objectif olympique, j’ai réalisé mes rêves dans l’escalade »

Ce dernier échec vous laisse-t-il un goût d’inachevé pour la fin de votre carrière ?

Je commence à digérer le fait de ne pas être aux Jeux. Toute ma vie d’athlète et d’escalade, avec cet objectif olympique, je commence à vraiment lui sourire. Grâce à lui, j’ai réalisé mes rêves, comme remonter sur un podium en Coupe du Monde à Chamonix, un moment merveilleux. Et simplement, être professionnelle de l’escalade, sur ces dernières années, était un rêve. Ça va plus loin que les Jeux. J’ai mesuré ce que j’ai réalisé. Qu’est-ce que je pouvais aller chercher de plus qui me motive profondément ? Cet arrêt n’est pas un choix par dépit. Je pars vraiment en paix avec moi-même, j’ai donné à l’escalade tout ce que j’avais à donner.

Quitter la version mobile