Victoire Andrier : « L’après-Chamonix, très dur à gérer »

SPORTMAG

La grimpeuse de la Team SPORTMAG revient sur le tourbillon qu’elle a vécu après sa fantastique 2e place à la Coupe du Monde de Chamonix. Désormais, cap sur le TQO de Rome.

Après cette formidable 2e place à la Coupe du Monde de Chamonix, comment avez-vous vécu les Mondiaux qui ont suivi ?

C’est vrai qu’il s’est passé beaucoup de choses, c’était chargé en émotions ! Aux championnats du monde, à Berne, c’était difficile. Il y avait beaucoup de pression qui s’était accumulée chez moi, au fil de la saison et d’autant plus après ma perf à Chamonix. Je visais la qualification olympique, c’est-à-dire être dans les deux premières. Je me disais que c’était possible, puisque j’avais été 2e face aux meilleures mondiales quelques semaines avant. Tout au long de la saison, il y avait de pression, sur chaque échéance. Pour performer en Coupe du Monde, se qualifier pour les Mondiaux, puis les Jeux… A Chamonix, j’étais complètement libérée. C’était un moment génial.

« J’ai répondu à absolument tous les messages ! »

L’après-Chamonix a été difficile à gérer ?

C’était hyper dur. Il y avait beaucoup d’excitation, bien sûr chez moi, mais surtout autour de moi. J’en suis arrivé à une saturation. Je n’ai pas très bien géré la situation. En fait, j’ai répondu à absolument tous les messages, surtout sur Instagram. La prochaine fois, je mettrais une story pour répondre à plusieurs personnes d’un coup. Je me suis cramé là-dedans, j’avais trop envie d’échanger. Clairement, je manque d’expérience vis-à-vis de ça. En même temps, c’est difficile de résister quand je reçois des messages de petites filles qui me disent qu’elles font de l’escalade et que je les inspire !

Ça a duré longtemps, on me parlait beaucoup, beaucoup de Chamonix. Alors, c’était difficile d’entrer dans ma bulle pour les Mondiaux. J’ai peut-être trop voulu garder le contrôle, et me reconcentrer sur la suite. De toute façon, vu la situation, je n’aurais pas pu gérer autrement. Autre chose : d’habitude, je ne rêve jamais d’escalade, et là je rêvais toutes les nuits de Chamonix ! Ensuite, c’est passé sur les Mondiaux. J’en avais marre, je voulais penser à autre chose (rires).

Comment cette situation a-t-elle impacté vos championnats du monde, à Berne ?

Déjà, l’ambiance était un peu étrange aux qualif’. Pas de musique, pas de speaker, pas vraiment de public. Pour moi, il y a eu un avant et un après Berne. C’est la première fois qu’après mes runs de qualif’, je me mets à pleurer. Ça m’est déjà arrivé en rentrant à l’hôtel, le lendemain. C’est vraiment la pression emmagasinée depuis plusieurs mois. J’ai vraiment senti la différence entre Chamonix, où je m’éclate et tout se passe bien, et les Mondiaux à Berne, où je ne m’amuse pas du tout et je ne me sens pas libérée. Ça a changé ma vision pour les Jeux. Je me suis dit qu’aller à Paris, si c’est pour avoir une pression si énorme et ne prendre aucun plaisir, ce n’est pas ce que je veux. Je veux y aller en profitant, malgré la pression. Il faut que je garde en tête qu’il y a plein d’autres moments à vivre, et que je ne dois pas tout penser pour ça non plus. Même si, au fond de moi, je sais que je ferais quand même tout pour les Jeux ! L’objectif, c’est de relativiser.

« Chamonix et Berne ont changé ma vision pour les Jeux »

Désormais, cap sur le TQO de Rome :

J’ai hâte d’y être. C’est une belle ville, inspirante par son histoire. Ça serait intéressant de se qualifier dès cette échéance. Il faut dire qu’aux Mondiaux, on a eu la pire situation possible pour nous, les Françaises. A Berne, c’est une Américaine et une Indonésienne qui se sont qualifiées. Ce qui veut dire que les Polonaises, les meilleures mondiales, sont reversées dans nos sélections européennes. De toute façon, on ne contrôle pas les scénarios et ce sera dur dans tous les cas.

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