Du 5 au 11 avril, Victor Perez participera au Masters d’Augusta, le plus grand rendez-vous de la planète golf. Une étape de plus dans le parcours ascendant du Tarbais de 28 ans.
De Tarbes à Augusta, 28 ans d’une ascension. Celle de Victor Perez, né dans la cité landaise et assez rapidement attiré par le monde du golf. « Je regardais les golfeurs à la télé, c’est comme ça que j’ai découvert ce sport », explique le gaucher, qui joue alors droitier afin de mieux imiter les champions aperçus sur le petit écran. S’aventurer sur les greens, une destinée loin d’être commune à Tarbes, ville de rugby. Avec un père ancien joueur du club de la ville et 1,98 mètre sous la toise, tout prédestinait Victor Perez au ballon ovale. Mais c’est finalement la petite balle blanche qui entre pleinement dans sa vie lorsqu’à sept ans, il prend part à sa première compétition. Au fil des années, la progression est évidente et la première victoire d’envergure arrive enfin : le Grand prix du Médoc, en 2010. Une période charnière pour le Tarbais, alors membre de l’American Golf Academy à Biarritz et titulaire d’un bac S. Le jeune golfeur opte alors pour une véritable aventure : celle de rejoindre les États-Unis afin d’intégrer l’université de New Mexico, à Albuquerque. « Ses études aux États-Unis ont été un tournant. C’était un choix risqué de partir pendant quatre ans, mais finalement le choix a été payant. Cela lui a permis de progresser et de gravir progressivement les échelons à son retour », analyse Mathieu Santerre, entraîneur national au sein de la Fédération Française de Golf. « Sa progression a été constante. Ce n’était pas le meilleur chez les juniors, mais il a su progresser dans son coin. Cela lui a permis d’intégrer l’équipe de France et d’obtenir ses premiers résultats marquants. »
Quatre ans d’études et de progression aux États-Unis
Durant quatre ans, Victor Perez profite pleinement des infrastructures américaines pour améliorer son jeu. Dès sa première année universitaire, le Tarbais remporte le Texas A&M. Avec un total de 149 tournois disputés sous les couleurs de l’Université de New Mexico, le Français n’a pas chômé. Bachelor en business et psychologie en poche, Victor Perez fait son retour en Europe et devient professionnel au cours de l’année 2015. Il dispute alors l’Alps Tour en 2016, avant de finalement intégrer le Tour européen en 2018, après une victoire déclic au Foshan Open. La suite témoigne à nouveau d’une progression constante. Dès sa première année sur le Tour européen, Victor Perez termine la saison au 13e rang du classement final Race to Dubaï. Mieux : il parvient à lever les bras pour la première fois sur ce circuit en triomphant au championnat Alfred Dunhill Links, sur le mythique parcours de St Andrews. Un moment qui couronne une saison réussie marquée par une victoire et trois top 5 pour un Victor Perez qui intègre alors le top 50 du classement mondial. « Il est monté en puissance », reconnaît Mathieu Santerre. « Victor est un peu un rouleau compresseur. Non seulement il s’améliore, mais il s’entoure aussi des meilleurs. Ce qui m’impressionne et m’a toujours impressionné chez lui, c’est son souci du détail. Il est très pointu dans son approche et dans tout ce qu’il fait. Il peut par exemple passer un temps infini à choisir les bonnes chaussures s’il juge que cela peut l’aider dans sa performance. Il prend extrêmement au sérieux chaque compartiment de la performance. C’est avec ce souci du détail que l’on peut atteindre le plus haut niveau. »
Une si particulière année 2020
Un top 50 au sein duquel le natif de Tarbes s’est bien installé depuis cette très belle année 2019. Même si l’année 2020, évidemment marquée par la pandémie de Covid-19, freine l’élan du jeune golfeur. Le golf, comme de nombreuses autres disciplines, marque un temps d’arrêt. Mais après deux cuts manqués à la suite sur le PGA Tour, la bonne nouvelle arrive finalement en fin d’année : le Masters d’Augusta a bien lieu… et Victor Perez y est convié. Mieux : pour sa grande première dans le plus mythique des tournois, le Tarbais devient alors le cinquième Tricolore, seulement, à franchir le cut après Jean Van de Velde (2000), Thomas Levet (2005), Victor Dubuisson et Romain Langasque (tous les deux en 2016). Une 46e place finale avec un score total de 289 (+1) forcément encourageante pour la suite. « Victor est très consistant dans son jeu. Il a notamment bien progressé au chipping, mais son principal point fort reste son grand jeu », confie Mathieu Santerre au sujet du Tarbais. « Sa première expérience à Augusta est somme toute positive. On parle tout de même du Masters d’Augusta, le plus grand tournoi de la planète qui réunit les meilleurs golfeurs. S’imposer ou finir dans les 10 dès la première participation aurait donc été un authentique exploit. Réussir à se frotter aux meilleurs dès la première participation n’était pas l’objectif. Il faut avant tout apprendre, engranger de l’expérience, puis obtenir des résultats. Victor a fonctionné comme cela depuis le début de sa carrière, sa progression a été constante et il n’y a pas de raison que cela change aujourd’hui. »
Des ambitions pour le Masters
Une très belle première expérience qui est rapidement mise à l’épreuve en cette année 2021, puisque le Masters d’Augusta fait son retour dès le printemps, du 5 au 11 avril. « Victor sort d’un top 10 au Players Championship qui est un tournoi extrêmement important. C’est un événement lors duquel il s’est montré très impressionnant, il a été bon au chip, bon au putt… très constant dans tous les compartiments de son jeu. Finir 9e sur un tel tournoi, c’est fort, très fort », assure Mathieu Santerre. « Clairement, il a le niveau de jeu pour réaliser quelque chose de très positif à Augusta. L’expérience est très importante sur le parcours d’Augusta. Il faut apprendre à le connaître et à l’appréhender. Il a déjà participé une fois aux Masters, il y a donc des chances qu’il fasse mieux cette année. » L’objectif du Français est clair : faire mieux, tout en continuant à apprendre et à engranger de l’expérience au contact des meilleurs golfeurs de la planète. Histoire de continuer à grimper dans la hiérarchie mondiale ? Mathieu Santerre y croit fermement. « Étant donnée sa progression depuis quelques années, tout est possible. Son évolution est impressionnante, il répond de plus en plus présent dans les grands rendez-vous. Ce qui est certain, c’est qu’il se donne les moyens d’être le meilleur. Son professionnalisme et son souci du détail sont des éléments clés qui peuvent, demain, lui permettre de devenir l’un des meilleurs de notre sport. »