Vincent Chaudel : « Regarder la Bundesliga » 

Après avoir abordé le mercato estival il y a quelques jours, retrouvez la deuxième partie de l’entretien de Vincent Chaudel. Aujourd’hui, l’expert sport du cabinet Wavestone nous donne son sentiment sur les pistes de développement économique du football français…

 

Vincent Chaudel, quelles sont les pistes de développement pour que le football français puisse se rapprocher de ses voisins, et notamment de la Première League ?

Déjà, je pense qu’il ne faut pas prendre la Première League comme point de comparaison, le championnat anglais est trop loin devant. Par contre, nous devons regarder la Bundesliga, qui a su trouver des réponses aux problèmes de développement. Il y a quinze ou vingt ans, l’Allemagne était proche de nous, alors qu’aujourd’hui, et même si elle n’est pas passée devant l’Angleterre, elle a su rattraper une partie de son retard. Aujourd’hui, nous avons des droits TV qui ne sont pas si éloignés que cela des Allemands. Et le fait qu’il y ait une concurrence possible entre Canal +, BeIN et SFR peut clairement créer un cadre favorable pour le prochain appel d’offres, ce qui est déjà positif. L’arrivée de Neymar peut également aider le football français à progresser vers l’international, ce qui est aujourd’hui notre point faible. En Ligue 1 et à l’international, nos droits TV doivent être proches de 800 millions d’euros. Mais il n’est pas impossible de rediscuter avec les diffuseurs et de faire un appel d’offres. Aujourd’hui, je pense que le potentiel peut dépasser le milliard en droits TV. Mais surtout, là où l’on doit pouvoir progresser, c’est dans la dynamique de nos stades. C’est là où nous avons clairement un retard.

Comment se matérialise ce retard ?

En Angleterre ou en Allemagne, on est au-delà de 90% de taux de remplissage dans les stades. C’est un point terriblement important car si un stade est rempli à 70%, c’est un frein à la dynamique commerciale. Quand je remplis mon stade, je peux faire des propositions d’offres diverses et variées. Si nous prenons l’exemple de Manchester United, sur un stade de 76 000 places, l’affluence moyenne est de 75 000 spectateurs. Quand vous avez un tel taux de remplissage, vous pouvez dire à vos abonnés qu’ils ont le droit de ne pas venir trois ou quatre fois dans l’année. Mais si les places qu’ils ont achetées sont vides plus de trois ou quatre fois par saison, vous avez la possibilité de proposer cet abonnement à quelqu’un d’autre. Jouer dans un stade comble, cela compte dans la valeur du match. Cela fait partie de l’expérience que vous allez proposer aux spectateurs et aux téléspectateurs. En France, on ne peut pas dire à un abonné qui ne viendra pas à plusieurs matchs que l’on va lui retirer son abonnement, car le taux de remplissage ne le permet pas. Si le football français progresse dans cette dynamique, ce sera clairement un point très positif.
NDLR : Fin 2016, le taux de remplissage en Première League était de 94%, contre 93% en Allemagne. Loin derrière, la Liga affichait un taux de remplissage de 73% et devançait la Ligue 1 avec 66%…

< La première partie de l’entretien avec Vincent Chaudel
La rédaction

 

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