Malgré les belles performances de l’équipe de France, le volley français peine à briller au niveau des clubs sur la scène européenne. Vladan Jelic, tout jeune président du Paris Volley, se veut optimiste pour l’avenir, même s’il est conscient que les clubs ont beaucoup de travail.
Comment expliquez-vous le recul des clubs français dans la hiérarchie européenne ?
Beaucoup de clubs européens ont eu de gros partenaires, comme en Russie avec Gazprom. Ce sont des entreprises d’Etat, qui mettent le paquet et qui adorent le volley. A un autre niveau, il y a un vrai développement du volley en Pologne avec les victoires du pays lors des Mondiaux (2014 et 2018). Il y a une explosion de l’intéressement pour le volley, ils ont réussi à médiatiser leur sport. Enfin, en Italie, ce ne sont pas les mêmes règles. Les clubs sont des associations et ne payent pas les mêmes charges qu’en France. Ça leur a permis d’attirer des joueurs. De plus, nous, on a un problème, c’est que le volley n’est pas télévisé. Il n’y a pas d’intéressement, donc c’est un peu plus compliqué pour faire venir les partenaires. Ça, c’est un premier constat. Notre objectif quand on a repris le club, c’était de remonter en Ligue A, de régler les problèmes qu’il y avait au Paris Volley. On l’a fait, on a réglé les problèmes un à un, et il y en avait beaucoup. Et on est monté en Ligue A, ce qui était notre objectif principal. Maintenant, nous débutons la saison en Ligue A, on finit de régler les derniers problèmes auxquels était confronté le club auparavant.
Selon vous, les clubs sont-ils assez soutenus par les instances ?
Je n’en ai pas vu assez pour pouvoir vous dire, il faudra me reposer la question dans un an. Honnêtement, je n’ai pas le recul nécessaire, on a la tête dans le guidon en ce moment, je n’ai pas vu s’il y avait des difficultés de communication avec la Ligue. En revanche, la Ligue doit nous trouver une télévision. Je sais qu’elle cherche, mais elle n’a pas trouvé. Quand ce sera télévisé, on aura plus de facilités pour avoir des partenaires et des gens qui sont intéressés par le volley. Et il faut se moderniser un peu.
« Repartir de zéro avec une nouvelle vision plus moderne »
Êtes-vous inquiet à cause de la concurrence des nombreux autres clubs parisiens ?
A Paris, il y a de la place pour tout le monde. Le problème, c’est que les gens ne connaissent pas le volley ou en ont perdu connaissance. Notamment la jeune génération. Il faut donc faire de la publicité pour le volley. C’est un sport exceptionnel, tous les gens qui viennent en voir veulent revenir. Ils adorent le spectacle, les émotions, il y a un vrai public derrière. Nous, on a rempli la salle plusieurs fois en Ligue B. Cette année en Ligue A, je ne doute pas qu’on remplisse la salle pour certaines affiches. Après, le remplissage d’une salle, c’est un travail qui doit être fait en interne.
Vous considérez-vous comme un producteur de spectacle ?
Oui et non. Il faut d’abord avoir une équipe compétitive, les gens viennent pour voir du volley, et le spectacle, c’est une autre condition pour attirer le public. Ça aide quand il y a de la concurrence. Si vous jouez le samedi soir, il peut y avoir du foot, du basket, du handball, du théâtre… il y a plein de choses. Mais le volley a largement sa place.
Que faudrait-il faire pour rendre le volley français plus attrayant ?
Il faudrait inclure les nouvelles technologies dans le développement du volley en France, c’est très important. Il faudrait faire un reboot, repartir de zéro avec une nouvelle vision plus moderne afin de toucher le jeune public, grâce aux nouvelles technologies, aux réseaux sociaux. C’est ça le plus important, repartir de zéro. Il faut inviter tous les acteurs à donner des idées, choisir ensuite les bonnes idées et ne pas hésiter à prendre des risques.
« Vous êtes obligé de gérer le club comme une entreprise »
Un club doit-il se gérer comme une entreprise ?
Vous êtes obligé de gérer le club comme une entreprise. Si vous voulez développer le volley, il faut investir dedans, il faut taper aux portes. Ça a un coût, parce qu’il faut que les gens se déplacent. Il faut les bonnes personnes, de bons commerciaux, c’est comme une entreprise. Embaucher des gens pour démarcher, pour vendre, ça a un coût, mais c’est un coût qui rapporte à la fin.
Les charges sociales sont-elles un frein au développement du volley ?
Pour ce qui est des charges, et du fait que l’Etat les réduise, c’est très compliqué. Il faut se dire que personne ne nous aide, et quand on n’est aidé par personne, il faut aller démarcher, se battre pour son sport, c’est tout. La difficulté est plus grande car ce n’est pas télévisé, c’est devenu moins populaire. Il faut rendre le volley plus populaire, organiser des rencontres avec des jeunes pour leur faire aimer le volley. Il faut que les partenaires, les entreprises, les gens se retrouvent dans les valeurs du volley, celles du collectif, du partage. Il faut peut-être trouver un format qui plairait plus aux télévisions, je ne sais pas, il y a plein d’idées.
Quels sont vos objectifs cette saison ?
Ce qui est sûr, c’est qu’on souhaite se qualifier pour les playoffs. Ensuite, les playoffs, c’est un autre championnat où toutes les surprises sont possibles. On va certainement avoir une période de rodage, mais elle ne devrait pas nous empêcher de nous qualifier pour les playoffs, où on mettra le paquet sur le terrain. Avec l’Euro, en début de saison, on risque de ne pas avoir quelques joueurs. Mais ce n’est pas embêtant, car on le savait.
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