La voile olympique est revenue de Tokyo avec trois médailles. Un bilan positif que la Fédération française de Voile souhaite améliorer pour Paris 2024.
Préparer au mieux les jeux à la maison tout en pensant à la suite, voilà tout l’enjeu du projet de performance fédéral mis en place cette année par la Fédération française de voile (FFV). À deux ans de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, Guillaume Chiellino, directeur technique national, et Loïc Billon, directeur de l’équipe de France jeunes, nous explique concrètement les ambitions et les enjeux de ce projet fédéral rédigé en lien avec l’Agence nationale du sport et le ministère des Sports.
Un projet pour les jeunes
Le projet fédéral s’appuie en premier lieu sur un maillage territorial, explique Loïc Billon. Celui-ci permet d’inclure tous les acteurs : les équipes de France, les ligues, les clubs, dont les clubs de performance, les pôles, les entraîneurs, afin de permettre d’identifier les jeunes prometteurs et de les accompagner au mieux dans le projet sportif, mais aussi scolaire. “Il y a un gros rôle de la part du directeur des structures (notamment pôle France et pôle Espoirs) de négociation d’aménagements pour les athlètes, souvent au cas par cas, parfois dans le cadre de conventions” souligne Guillaume Chiellino. Une détection des jeunes talents à travers les compétitions locales, régionales et nationales, mais aussi les stages de performances. “Autant d’étapes de la vie du sportif que nous devons accompagner” ajoute Loïc Billon. Une méthode qui a déjà fait ses preuves pour le directeur de l’équipe de France jeune, satisfait des récents résultats des navigateurs français aux Championnats du monde jeunes. La France finit deuxième et perd le trophée des Nations. Elle repart cependant avec trois médailles et une belle surprise en 29er féminin, où Lucie Gout et Fleur Babin remportent l’argent. “On finit top 10 dans 10 disciplines sur 11, cela montre que la France est forte dans toutes les disciplines” analyse Loïc Billon.
Un plan au féminin
Depuis 2014, les fédérations sont obligées de présenter un plan de féminisation concernant la pratique sportive, l’encadrement, la formation et l’arbitrage. Selon les chiffres de la FFV, les femmes ne représentent que 25% des licenciés alors que l’égalité en nombre de compétiteurs a été atteinte aux Jeux de Tokyo et que l’égalité en termes de nombre de médailles sera respectée à Paris. Des initiatives 100% féminines sont mises en avant, explique Loïc Billon comme des stages de détection féminine, mais aussi de nombreux programmes comme le programme “Elles de kite” pour accompagner les futurs talents en kitesurf ou encore le Women Leading & Sailing Trophy. Pour Guillaume Chiellino, il est aussi important de renforcer les pratiques mixtes. Aux Jeux olympiques, deux disciplines sont mixtes : le dériveur en double, 470 et le catamaran à foil, nacra 17. “Le fait qu’on ait de la mixité en voile sur deux disciplines, cela montre que la mixité est possible dans toutes les catégories et à tous les âges. Donc sur un stage, on peut brasser les équipages, faire naviguer des garçons et des filles ensemble, changer le rôle barreur, équipier. Les bateaux qui ne sont pas olympiques, mais collectifs en habitable, se prêtent tout à fait à des équipages 100% mixtes”. De plus, la féminisation de la pratique s’accompagne d’un travail de féminisation des encadrants. Enfin, les nombreuses championnes françaises permettent une visibilité de la voile féminine. À l’image de Charline Picon, championne olympique à Rio, vice-championne olympique à Tokyo en planche à voile RS:X, Helene Noesmoen, championne du monde et triple championne d’Europe en planche à voile iFoil. En cumulant les titres en voile, parfois un emploi, ou une maternité, les navigatrices montrent que le sport de haut niveau peut être un mode de vie.
Une dynamique Paris 2024
Les jeux de Paris sont aussi une merveilleuse impulsion pour la voile française. Plusieurs stages rassemblant les équipes de France seniors et jeunes auront lieu sur le site olympique de Marseille, une occasion pour les plus jeunes de côtoyer les champions et d’apprendre auprès des meilleurs. Mais les Jeux à la maison, c’est aussi “une chance extraordinaire de faire connaître notre sport” rappelle Guillaume Chiellino.
Solenn Ravenel