Walide Khyar, la rage de vaincre…

Walide Khyar of France competes during the Grand Slam Paris at AccorHotels Arena on February 11, 2017 in Paris, France. (Photo by Nolwenn Le Gouic/Icon Sport)

Seulement 22 ans et déjà d’énormes espoirs sur ses épaules. Né à Bondy en 1995, Walide Khyar se démarque par un talent brut et une personnalité très affirmée. Zoom sur l’un des plus prometteurs judokas français…

 
C’est parfois dans la difficulté que l’on se construit, que l’on grandit. Walide Khyar en est un parfait exemple. Élevé par sa mère, sa tante et ses deux frères aînés, Walide a grandi sans son père, décédé la veille de sa naissance. Si cette blessure ne s’effacera jamais, le jeune sportif a su se relever et se construire une personnalité à part entière. « C’est grâce à tout ce que j’ai vécu que je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui. J’ai eu des moments difficiles, dont je ne me rendais pas forcément compte quand j’étais jeune. Mais j’ai eu la chance d’avoir une mère tellement courageuse, elle m’a beaucoup aidé et apporté », explique un Walide apaisé, serein. Et pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. « J’étais un enfant hyperactif, je bougeais partout, je ne tenais pas en place », sourit aujourd’hui le natif de Bondy (Seine-Saint-Denis), pour qui le judo a été un exutoire. « J’ai rapidement accroché, notamment à partir de 14 ans. Il y avait quelque chose en plus avec le judo ». Il faut dire que Walide a tout essayé. Du football au théâtre, rien ne trouvait grâce à ses yeux. Rien, jusqu’à son arrivée au club de judo du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). « J’ai découvert un sport plein de valeurs. On nous apprend des choses dont on ne voit pas forcément l’intérêt quand on est jeune, mais qui sont pourtant essentielles ».

Un entourage très présent…

Un an plus tard, Walide prend une licence à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), un « grand club formateur ». Là-bas, il continue sa progression et impressionne rapidement. Mais, au-delà du seul aspect sportif, c’est un vrai coup de cœur humain que ressent le champion de France juniors 2014. « Aujourd’hui, je côtoie les mêmes personnes que lorsque j’avais huit ou neuf ans. Être à l’INSEP avec des amis qu’on a connus en étant jeune, c’est magnifique ». Ce sens du collectif, Walide le tient également d’une soif de culture et de découverte omniprésente. Une curiosité qu’il entretient au quotidien, que ce soit dans sa vie sportive ou privée. « Je m’occupe beaucoup de ma carrière, mais j’aime aussi regarder ce qui se fait ailleurs. Mon président de club est entrepreneur, il m’apprend beaucoup de choses. Je lis régulièrement, je me renseigne, je réfléchis. Je ne suis encore qu’une simple éponge, j’apprends beaucoup et je vais là où je veux aller », explique le récent vainqueur du Grand Prix de Tunis, conscient de la nécessité d’avoir des proches solides à ses côtés. « J’ai la chance d’avoir un club et un entourage qui sont très présents, qui me conseillent et ne me polluent pas la tête. J’ai une équipe formidable qui sait me canaliser ».

Les JO, l’objectif de sa carrière…

À seulement 22 ans, Walide ne cesse de surprendre. S’il a décidé récemment de mettre en pause une formation de coach sportif pour se consacrer à 100 % au judo, il s’est également fixé comme objectif de parler couramment l’anglais. Licencié au Flam 91 (Essonne), le très grand espoir du judo tricolore en -60 kg veut désormais aller plus loin et marquer l’histoire de son sport. Il y a moins de deux ans, il participait d’ailleurs à sa première olympiade, à Rio de Janeiro (Brésil). Une aventure constructive malgré son élimination dans les toutes dernières secondes du deuxième tour, alors qu’il menait le combat. « C’est arrivé très vite. Je me suis qualifié en cinq ou six mois. Je n’ai pas eu le temps de me rendre compte de ce qui m’arrivait. Il faut être très fort si l’on veut performer, le plus dur sera d’aller chercher l’or olympique ». Décrocher le plus beau des métaux aux JO, voilà en effet le rêve de Walide. Enfin, presque. « Je n’aime pas utiliser ce mot, on a parfois la sensation que les rêves sont irréalisables. C’est un objectif que je me suis fixé. Quand j’étais plus jeune, au tout début, je ne savais pas forcément ce que c’était, mais je voulais déjà gagner les Jeux olympiques ! »

Paris 2024 en ligne de mire…

Une ambition tout à fait crédible, tant Walide Khyar impressionne ces dernières années. Champion d’Europe en 2016 et cinquième du dernier Grand Slam de Russie, le judoka tricolore sera ambitieux lors de la prochaine olympiade en 2020 à Tokyo (Japon). Et bien évidemment à Paris, chez lui, pour des Jeux historiques en plein cœur de la capitale française. « C’est dur de ne pas y penser, même si j’essaye. Après, c’est clair qu’on a toujours cette échéance dans un coin de la tête. Mais bon, il y aura Tokyo et plusieurs grosses compétitions comme les Championnats du monde d’ici là. On aura le temps d’y penser, mais c’est évident que ce serait une immense joie de faire les JO à la maison, chez moi », conclut le jeune sportif, plein d’espoirs et d’enthousiasme. S’il est passé par des moments difficiles et a dû mener bien des combats, Walide Khyar s’est fait aujourd’hui un nom dans le judo mondial. Il lui appartient désormais de le consolider pour rentrer dans la légende de la discipline. Et aller au bout de ses rêves…

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