En France, la profession d’intermédiaire sportif est relativement méconnue. Entretien avec Yann Orhan, qui l’exerce depuis une dizaine d’années (2è partie).
Yann Orhan, comment expliquez-vous que cette profession soit si méconnue en France ?
La notion de conseil et d’intermédiation est la base du travail de l’agent dans le football. Mais, en France, les agents de conseils sont fiscalistes, gestionnaires de patrimoine, agents d’image, grand frère, éducateur, coach, concierge, papa. Je peux comprendre que le grand public s’y perde. Intermédiaire est un métier authentique, pour lequel on utilise les bonnes vieilles méthodes. Je travaille sur le terrain et garde le contact humain. Pour un conseil en recrutement, j’aime utiliser des outils web pour affiner mes recherches. Mais quand on me demande mon avis, je m’en remets à mes yeux. Ce n’est pas très enrichissant financièrement, mais ça l’est humainement.
De quels sportifs vous occupez-vous ?
J’ai été approché par le père de David N’Gog lorsque celui-ci était en difficulté en Angleterre. Après ses passages à Liverpool et Swansea, je lui ai conseillé de revenir en France. Il ne devait pas rejoindre Reims mais Metz au départ. Ensuite, j’ai travaillé en coopération avec le FC Barcelone, à l’époque de sa suspension par la FIFA, pour certaines signatures de joueurs mineurs. J’étais intermédiaire entre les différentes parties concernées. J’apprécie ce statut d’intermédiaire. Je ne suis pas agent, je sers à apaiser les négociations et facilite le dialogue. Plus récemment, fin 2016, j’ai été mandaté par Samuel Eto’o.
Quelles sont les principales différences entre un intermédiaire sportif et un agent ?
Après approbation par le Comité exécutif de la FIFA, un nouveau règlement est entré en vigueur le 1er avril 2015. En quelque sorte, la FIFA a décidé d’enterrer le système de licence d’agent sportif, l’accès à l’activité. Son exercice n’est plus soumis à la détention d’une licence. En revanche, la France reste une exception car il existe une superposition entre ces deux régimes. Notre pays souhaite conserver la licence d’agent. Le rôle et le statut de cette profession sont inscrits au sein du code du sport. En résumé, cela entraîne une position plus forte et donc de l’opacité sur les transactions, favorisant les doubles mandatements club/joueur et pas l’inverse. Malgré tout, il n’est pas interdit aux intermédiaires étrangers ou français de travailler en France, le club ou le joueur souhaitant faire appel à un intermédiaire ont le droit. Son activité est réglementée, et sa rémunération est plafonné à 3%. Il permet à toute personne (physique ou morale) de jouer le rôle d’intermédiaire entre un joueur et un club à condition de respecter les obligations de déclaration. En termes de transparence, la France est très en retard. D’autres fédérations ont décidé de réformer leur système avec succès (Espagne, Portugal, Allemagne, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Suisse…).
Propos recueillis par Arnaud Lapointe