À 20 ans, Yasser Musanganya est l’un des plus grands spécialistes du sprint en fauteuil en France (T54). Triple champion de France l’an passé et champion du monde junior sur 200m, le recordman de France du 100 m voit loin. Avec ambition et détermination.
Comment vous préparez-vous pour les championnats du monde de para-athlétisme de Paris ?
J’ai beaucoup de stages. Dernièrement, on est parti aux Canaries pendant deux semaines. Ce sont des stages que l’on fait sur route, on fait aussi du travail sur piste histoire de garder un peu de mobilité et de vitesse. On fait beaucoup de travail de longueur, sur 400 et 800 m, aussi sur le lancer et sur le virage. En parallèle, je continue l’entraînement deux heures par semaine, désormais le matin et l’après-midi. C’est une préparation assez intense mais nécessaire pour ces championnats en espérant me qualifier.
Ces stages à l’étranger, que vous apportent-ils de plus ?
Déjà un autre climat qui est idéal pour l’entraînement. Il fait plus chaud donc c’est plus simple pour nous. Voyager, cela apporte plein de choses au niveau humain. On fait de nouvelles rencontres. Rien que d’aller en Corse, ça nous permet de nous sortir d’une certaine zone de confort.
Quel est votre objectif pour ces championnats du monde ?
J’aimerai faire un top 3 sur 100 m et pourquoi pas battre le record de France.
Parmi les distances dans lesquelles vous êtes spécialisé (100 et 400m), laquelle vous attire le plus ?
J’ai plus de potentiel sur le 100 m. Je peux vraiment jouer quelque chose et c’est celle qui m’attire le plus. Comme je suis jeune, j’ai plus d’explosivité comparé aux autres athlètes qui sont un peu plus vieux. C’est un effort rapide qui me convient.
« Je ne veux pas simplement être un athlète. Je veux être une référence. Française, pour commencer. Et dans le monde pour amener une nouvelle vague »
Vous êtes encore au début de votre carrière (20 ans) et les Jeux paralympiques de Paris arrivent vite (28 août au 8 septembre 2024). Estimez-vous qu’il s’agît d’une chance pour vous d’y prendre part, à domicile, aussi tôt dans votre progression ?
C’est dans les temps. Ces Jeux vont être mes premiers. C’est important de les faire au moins une fois dans sa vie, encore plus quand c’est chez nous. Moi, je suis là pour faire le plus de Jeux possibles. Jeune ou pas jeune, ce que je veux, c’est une médaille.
En parallèle de ce projet sportif, vous êtes aussi étudiant en Licence LEA (Langues Étrangères Appliquées). Comment parvenez-vous à concilier les deux ?
J’ai l’habitude de ce genre de choses, vu que je veux faire de l’athlétisme depuis 5 ans à ce niveau. Chacun entreprend les choses comme il l’entend. J’ai des horaires assez flexibles à la faculté qui me permettent de faire des cours en distanciel. Ils ne me gênent pas dans mes entraînements donc ça va.
Vous expliquez sur votre site web que vous comptiez ouvrir votre propre salle dédiée à l’athlétisme fauteuil et aux personnes en situation de handicap. Pouvez-vous en dire plus à ce sujet ?
C’est un projet qui me tient à cœur. Dans le domaine de l’athlétisme, il y a beaucoup de pays qui sont référencés : Suisse, Thaïlande, États-Unis… En France, on n’a pas cette culture de l’athlétisme fauteuil. J’aimerais juste ouvrir une salle adaptée et accessible. Une salle où tu n’auras pas besoin d’aide pour attraper quelque chose, pour faire des tractions… Il y a rarement un suivi pour le handisport dans les salles connues, comme Basic Fit. Il n’y a pas de salle dédiée. Mon projet pourrait amener une nouvelle vague. Le sport, ce n’est pas que faire du sport de haut niveau. C’est aussi pour le bien être, pour se développer. Le sport c’est beaucoup de valeurs, il véhicule beaucoup.
Sur les réseaux sociaux, vous semblez être très engagé pour la promotion du handisport…
C’est super important pour moi. Je ne veux pas simplement faire du sport pour faire du sport. Je ne veux pas simplement être un athlète. Quand tu penses à l’athlétisme, on pense à des grands noms, tel que Usain Bolt. Moi, je veux être une référence. Française, pour commencer. Et dans le monde pour amener une nouvelle vague. Je veux qu’on se dise “c’est le premier à avoir fait ça”. J’ai cette philosophie d’innovation que personne n’a encore développée, je pense, étant jeune en tout cas. En tant que sportif fauteuil en France, il n’y en a pas beaucoup. On peut même les compter sur les doigts d’une main. Je veux faire de mon sport un art. Je ne veux pas uniquement gagner des médailles et battre des records. C’est du partage.